Par Agnès Pedrero
Il n'y a pas de lien avéré entre le paracétamol et l'autisme, contrairement à ce que suggère l'administration Trump, a affirmé l'Organisation mondiale de la santé (OMS) le 23 septembre 2025. La veille, le président américain Donald Trump avait fortement déconseillé le paracétamol aux femmes enceintes, l'associant à un risque d'autisme élevé pour les enfants, en dépit d'avis contraires de la communauté scientifique.
Des preuves incohérentes
« Certaines études d'observation ont suggéré une possible association entre l'exposition prénatale au paracétamol et l'autisme, mais les preuves restent incohérentes », a déclaré un porte-parole de l'OMS, Tarik Jasarevic, lors d'un point de presse régulier. « Plusieurs études n'ont établi aucune relation de ce type », a-t-il ajouté, appelant à « la prudence avant de conclure à l'existence d'un lien de causalité ».
Le paracétamol reste recommandé pendant la grossesse
Présent dans le Doliprane, le Dafalgan ou encore le Tylenol (aux États-Unis et au Canada), le paracétamol – ou acétaminophène – est recommandé chez la femme enceinte pour soulager douleurs et fièvre. D'autres médicaments comme l'aspirine ou l'ibuprofène sont contre-indiqués pendant la grossesse, notamment en fin de terme. L'agence européenne du médicament (EMA) et le régulateur britannique du médicament, la MHRA, ont réaffirmé dans des communiqués que le paracétamol pouvait être utilisé par les femmes enceintes. « Notre avis repose sur une évaluation rigoureuse des données scientifiques disponibles et nous n'avons trouvé aucune preuve que la prise de paracétamol pendant la grossesse puisse causer l'autisme chez l'enfant », a indiqué Steffen Thirstrup, le médecin en chef de l'agence européenne. Ce que Alison Cave, responsable de la sûreté des médicaments de la MHRA, a confirmé : « Il n'existe aucune preuve que la prise de paracétamol pendant la grossesse cause l'autisme chez les enfants ».
« Les vaccins sauvent des vies, ils ne causent pas l'autisme »
Le 22 septembre, Donald Trump a également longuement évoqué les vaccins. Il a appelé à modifier le calendrier vaccinal des enfants et assuré que les personnes qui ne se vaccinaient pas et ne prenaient pas de médicaments n'étaient pas concernées par l'autisme. « Les vaccins sauvent des vies, nous le savons. Les vaccins ne causent pas l'autisme », a répliqué le porte-parole de l'OMS. « Ils ont sauvé d'innombrables vies. C'est quelque chose que la science a prouvé et il ne faudrait pas vraiment le remettre en question », a-t-il insisté. Tarik Jasarevic a appelé les dirigeants à suivre les recommandations des autorités sanitaires.
Calendrier vaccinal perturbé = risque d'infection majoré
« La science est là pour apporter des preuves qui guident les politiques partout dans le monde », a rappelé M. Jasarevic. Selon lui, « lorsque les calendriers de vaccination sont retardés, perturbés ou modifiés sans vérification des données probantes, le risque d'infection augmente fortement, non seulement pour l'enfant, mais aussi pour l'ensemble de la communauté ».
Comprendre la cause de l'autisme : un enjeu international
L'autisme, trouble neurodéveloppemental aux manifestations très variées, est étudié depuis des décennies. L'administration Trump avait promis en début d'année de révéler rapidement les causes de ce qu'elle qualifie d'« épidémie d'autisme » (USA : étude annoncée pour expliquer la "pandémie d'autisme"). Si les cas ont augmenté aux États-Unis, les scientifiques mettent plutôt en avant les progrès dans le diagnostic et la meilleure prise en compte des formes plus légères du trouble. « Près de 62 millions de personnes vivent avec un trouble du spectre autistique dans le monde, et il est clair qu'en tant que communauté internationale, nous devons redoubler d'efforts pour comprendre [ses] causes », a conclu le porte-parole de l'OMS. Concernant son origine, les scientifiques ont montré que la génétique jouait un rôle important. Certains facteurs environnementaux ont également été mis en avant, comme la neuro-inflammation ou la prise de certains médicaments comme l'anti-épileptique Dépakine durant la grossesse.
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