Opposée à « une entreprise malheureuse », « attaque sans précédent contre l'ensemble des professionnels de santé », la secrétaire d'État chargée des Personnes handicapées et de la Lutte contre l'exclusion, Ségolène Neuville, a regretté dans l'hémicycle que cette proposition de résolution ait « pour effet de raviver des tensions qui n'ont plus lieu d'être ».
La colère des familles ?
Le texte de Daniel Fasquelle, paraphé également par Laurent Wauquiez, Bernard Debré et Nathalie Kosciusko-Morizet, entendait inciter le Gouvernement à ne plus financer les prises en charge psychanalytiques et à pénaliser les professionnels de santé « qui s'opposent aux avancées scientifiques et commettent des erreurs médicales en matière d'autisme » (article complet en lien ci-dessous). « Sortons du Moyen Âge dans le traitement de l'autisme et redonnons espoir aux familles », a lancé depuis la tribune M. Fasquelle, qui soutient « les méthodes éducatives et comportementales », recommandées par la Haute Autorité de santé (HAS) depuis 2012 et mises en œuvre en particulier au Canada et en Belgique. « Les principales instances de la psychiatrie française d'obédience psychanalytique refusent de les appliquer », a-t-il dénoncé, évoquant une « colère » des familles touchées.
Un texte dépassé
Mais il n'a trouvé le soutien d'aucun autre groupe politique et même son collègue LR Nicolas Dhuicq, psychiatre de profession, s'est élevé contre « un texte dépassé » car « il n'y a pas un autiste mais des autistes », donc une pluralité d'approches, et il y aurait une « dérive dangereuse » à ce que le législateur impose des méthodes ou techniques aux soignants. Il a été rejoint en cela par la secrétaire d'État ainsi que des députés de tous bords, le socialiste Denys Robiliard invitant à ne pas suivre « les préconisations d'un Lyssenko au petit pied », en référence à la dictature scientifique du généticien stalinien Trofim Lyssenko.
Les pour et les contre
Les socialistes, élus du Front de gauche et centristes ont indiqué voter contre, les radicaux de gauche se sont abstenus. Catherine Barthélémy qui recevait le jour même le prix de l'Inserm couronnant 40 ans de recherche sur l'autisme s'était elle aussi prononcée contre le « mélange entre politique et médecine » (article en lien ci-dessous). Les principales associations dédiées à l'autisme, rassemblant notamment les familles (Agir et vivre l'autisme, Vaincre l'autisme, Asperger aide France, Collectif Egalited, Autistes sans frontières, Maison de l'autisme...) avaient appelé à soutenir le texte. SOS autisme a déploré un "échec cuisant" après le rejet.
Vers un 4ème plan autisme
Les défenseurs de la psychanalyse avaient fustigé par avance un projet "funeste", "diffamatoire et calomnieux". Les deux camps se sont affrontés par pétitions interposées sur la plateforme internet change.org, avec entre 5 et 6 000 signatures chacune. Sans surtout jamais "prétendre faire de la médecine à la place des médecins", Mme Neuville, elle-même médecin, a martelé son "engagement total pour promouvoir les recommandations de bonnes pratiques" de la HAS, qui sont une simple aide aux praticiens. Outre la défense d'une politique envers les autistes ayant déjà évolué, elle a rappelé le lancement en janvier 2017 de la concertation sur un 4e plan pluriannuel, qui prévoit de renforcer l'offre de scolarisation. Et, avec le programme de François Fillon, "combien de postes seraient amenés à disparaître" dans l'Education nationale s'il était élu en 2017, a-t-elle lancé à la droite.