« Les oreilles des Français sous pression ? » C'est ce qu'affirme une nouvelle enquête, réalisée par l'Ifop à l'occasion de la 22e édition de la Journée nationale de l'audition (JNA), le 14 mars 2019, qui évalue la place de l'audition dans l'hygiène de santé. 1 003 personnes âgées de 15 ans et plus ont joué le jeu et testé leur audition. Les résultats s'avèrent plus inquiétants que prévus...
Lien entre état de santé et capacités auditives
La grande majorité des Français a conscience de l'importance de l'audition sur la santé et la qualité de vie. 89 % pensent que de bonnes capacités auditives contribuent à un « bon état de santé général » et 93 % à « des relations sociales de qualité ». Ils comprennent également l'impact de « bien entendre » sur le moral, l'humeur, les performances intellectuelles, l'état de fatigue et de stress... Cependant, seul 35 % des jeunes âgés de 15 à 17 ans font la corrélation avec la qualité du sommeil, contre 54 % des sondés au total. Pour JNA, « c'est la conséquence probable d'une faible sensibilisation sur le sujet ». L'étude s'intéresse ensuite à leur état de santé et tire la conclusion que « plus les capacités auditives diminuent, plus les Français disent ressentir des perturbations » de type maux de tête, pertes de concentration, fatigue, irritabilité…
Erreur de diagnostic ?
Quand il s'agit de s'auto-diagnostiquer, ça se corse ! Une grande majorité de Français (79 %), et en particulier les plus jeunes (89 %), qualifient leur audition de bonne ou très bonne. Et pourtant… 51 à 65 % d'entre eux ont des difficultés à suivre des conversations dans des espaces publics, au téléphone, dans les bars… Un constat encore plus frappant chez les jeunes qui révèle, à nouveau, un manque de sensibilisation. Par ailleurs, si la part de Français ayant ressenti des acouphènes n'a pas évolué depuis 2018 (43 %), elle a « significativement » augmenté chez les 15-17 ans (65 %) et les 18-24 ans (59 %). L'étude fait également ressortir une bonne et une mauvaise nouvelle. Les Français sont de plus en plus nombreux à réaliser un bilan complet chez un ORL : 1 sur 2 contre 1 sur 3 en 2018. « Nous devrions nous réjouir de cette augmentation mais, parmi ceux qui n'ont jamais réalisé ce bilan, 76 % d'entre eux avouent qu'ils n'en ont jamais ressenti le besoin. Or, dans la pratique ORL, 'avoir besoin' signifie le plus souvent 'problèmes'. Aussi, nous pouvons craindre une croissance des symptômes ORL », analyse JNA.
Acceptation du handicap
Face à ce constat, plusieurs mesures peuvent être mises en place pour prendre soin de son audition. Mais, selon ce sondage, seul un tiers des Français se protègent contre le bruit au travail et portent des protections lors d'activités de loisirs comme les concerts et le bricolage. Ce chiffre est encore moindre pour les plus jeunes, alors qu'ils sont « plus exposés » aux nuisances sonores notamment lorsqu'ils sortent en boîte de nuit ou écoutent de la musique avec leurs écouteurs. Près de neuf personnes sur dix seraient tout de même prêtes à porter des aides auditives si leur audition venait à diminuer. Mais, entre les intentions et les actes, il y a parfois un fossé et l'étude met en évidence ce « paradoxe intéressant ». Plus la sensation de capacité auditive baisse, moins les personnes touchées sont enclines à accepter le port d'un appareil. Barrière psychologique, difficultés à accepter son handicap ? Un travail psychologique sur l'acceptation de la perte d'audition semble nécessaire.
Des jeunes en danger ?
Principale conclusion : les 17-24 ans semblent « en danger ». Augmentation des acouphènes, difficulté de compréhension de la parole supérieure à la moyenne, perturbations physiques ou psychologique liées à l'audition, hausse des consultations ORL, faible port de protections auditives... « Sur tous les points, l'audition des plus jeunes présente de sérieuses inquiétudes ! », affirme l'association. Selon elle, « ce comportement montre l'écueil de la politique curative menée depuis des décennies ». Seul remède : une vigilance sanitaire « effective » associée à un mouvement de prévention. L'association appelle donc les médecins généralistes à « investir le problème sans attendre 2021 ». D'ici-là, des actions de sensibilisation seront organisées sur tout le territoire.