Sydney, 2000. En plein Jeux paralympiques, l'Espagne tire son épingle du jeu en signant une des plus belles performances en basket. Un mois après leur clôture, l'exploit sportif est terni par un scandale : cette équipe de sportifs déficients mentaux ne comptait que deux personnes sur douze en situation de handicap mental (article en lien ci-dessous). L'affaire avait fait grand bruit et cette tricherie avait impacté l'ensemble des équipes du sport adapté puisqu'elle avait entraîné l'exclusion de tous les déficients intellectuels des Jeux paralympiques, et cela pendant douze ans jusqu'à leur réintégration à Londres en 2012.
Un mélange explosif
Après deux premiers films, le réalisateur et scénariste français Vianney Lebasque signe Chacun pour tous qui s'inspire de cette histoire vraie. Un long métrage simple et vrai, porté par un casting aussi drôle que touchant. Martin (Jean-Pierre Darroussin), coach de l'équipe française de basketteurs, est au pied du mur. En pleine préparation des Jeux, ses meilleurs joueurs viennent de le laisser tomber. Refusant de perdre la subvention vitale pour sa fédération, il décide de tricher pour participer coûte que coûte à la compétition. Il complète son effectif avec des joueurs valides, dont Stan (Ahmed Sylla) et Pippo (Olivier Barthélémy), deux trentenaires désœuvrés. Même Julia, la psychologue de la fédération (jouée par Camélia Jordana), ne s'aperçoit pas de la supercherie. En s'envolant pour Sydney, Martin est loin d'imaginer le mélange explosif qu'il vient de créer…
Une aventure hors du commun
Le réalisateur a délibérément voulu s'éloigner de l'histoire originale : « À partir de cette histoire cynique, j'ai voulu raconter autre chose. D'abord qu'il n'est pas si aisé, finalement, de catégoriser les gens : la ligne est ténue entre les efficients et les déficients... Et, surtout, traiter des rapports humains qui s'établissent entre les vrais et les faux déficients mentaux dans les vestiaires, dans les chambres. De gentils losers comme Stan ou son pote Pippo vont découvrir la tolérance... ». Déjà sensible au monde du sport dans son film Les petits princes, Vianney Lebasque confit que ce n'est pas ce milieu qui l'a attiré en priorité : « Cette fois, c'est le handicap qui m'intéressait avant tout. J'ai beaucoup appris au contact quotidien de personnes handicapées lorsque j'ai été président, il y a trois ans, du jury du festival de courts-métrages sur le handicap à Cannes, Entr'2 marches. De plus, mes parents ont tenu un gîte de vacances pour enfants pendant vingt ans et il arrivait régulièrement qu'il y ait des enfants en situation de handicap. Ce qui a sans doute contribué à me sensibiliser sur le sujet. ».
Des critiques enjouées
Pour traiter ce sujet « casse-gueule », avec le risque de tomber dans le pathos, le réalisateur se tourne vers la comédie pour « s'adresser à un public large, y compris des jeunes qui pourraient, je l'espère, changer leur regard sur le handicap ». « De l'écriture jusqu'au montage, mon obsession était de ne jamais me moquer : rire des préjugés, oui. Rire avec, ne jamais rire de ». Il juge que le tournage a été « une aventure humaine passionnante ». Chacun pour tous est à découvrir à partir du 31 octobre 2018, partout en France.
En juin 2018, la comédie espagnole Champions avait, elle aussi, séduit un large public réunissant les mêmes ingrédients : basket, sport adapté et humour (article en lien ci-dessous).