Par Jessica Lopez, Jérémy Marot
Autour de Jean Castex, une dizaine de ministres mais aussi des représentants d'associations se sont réunis le 5 juillet 2021 pour le 5e comité interministériel du handicap (CIH) de cette mandature. L'occasion de "faire un bilan des réformes, s'engager pour accélérer leur déploiement et en porter de nouvelles", a déclaré à l'AFP la secrétaire d'Etat chargée des Personnes handicapées, Sophie Cluzel (dossier de presse complet en lien ci-dessous).
Démarches administratives simplifiées
"Il faut rattraper le retard pris dans certains domaines. La crise sanitaire a impacté tout le monde, y compris le champ du médico-social et ses professionnels", a poursuivi Mme Cluzel, citant notamment l'attribution de droits "à vie", le déploiement des équipes mobiles appuyant les établissements scolaires comptant des élèves handicapés et le développement des plateformes de coordination et d'orientation qui permettent le diagnostic précoce d'enfants autistes. Le gouvernement veut aussi amplifier la mise en accessibilité des 250 démarches administratives en ligne les plus utilisées par les Français, dont seuls 16 % sont accessibles actuellement (contre 12 % en janvier), tout comme l'adaptation à tous de ses sites officiels.
Des élections plus accessibles
A moins d'un an de l'élection présidentielle, il s'engage aussi à renforcer l'accessibilité des campagnes électorales, un point qui n'a "pas avancé", selon Jérémie Boroy, président du Comité national consultatif des personnes handicapées, faisant observer au Premier ministre que cela pouvait être "l'une des clés pour une meilleure participation" après l'abstention record des élections régionales. Le Premier ministre a donc appelé les associations à faire "des propositions rapides" afin qu'elles soient incluses dans la mission actuellement menée par le président de l'Assemblée, Richard Ferrand.
Grande campagne de sensibilisation
Parmi les nouvelles actions, une campagne de communication de plusieurs mois sera lancée à l'automne pour expliquer le handicap au grand public. "Le handicap ne circule pas encore suffisamment dans la cité, soit par un manque d'accessibilité pour les personnes, soit car il y a énormément de préjugés et de méconnaissance autour", a expliqué Mme Cluzel, prônant "l'acceptation de la différence". Le CIH a aussi évoqué une "feuille de route" pour "améliorer l'accès aux soins, à la santé, à la vie intime, affective et sexuelle" des personnes handicapées, un sujet qui donnera lieu à un colloque à l'automne. Sur tous ces sujets, la France est attendue : fin août, Mme Cluzel sera auditionnée par l'ONU.
L'AAH s'invite dans le CIH
Sans surprise, le sujet explosif de l'Allocation adulte handicapé (AAH) s'est invité dans ce CIH. Dans une rare unité, personnes handicapées, associations et personnalités politiques d'opposition se sont mobilisées ces dernières semaines pour que son calcul ne soit plus dépendant des revenus du conjoint de la personne handicapée. "La colère des personnes en situation de handicap est très forte et ne faiblit pas", a confirmé devant le gouvernement Arnaud de Broca, président du Collectif Handicaps qui représente 49 associations. "Sur ce sujet qui est ni droite, ni gauche, on croit toujours qu'il y a là une vraie réforme sociale possible", a-t-il insisté. Opposé à cette réforme, le gouvernement a bloqué son vote au Parlement, proposant à la place un abattement forfaitaire de 5 000 euros sur les revenus du conjoint, une mesure qui sera opérationnelle dès le 1er janvier 2022. Une position que M. Castex a réitérée lors du CIH, tout en disant "entendre parfaitement les colères" autour de cette question qui "n'est évidemment pas illégitime".
Scolarisation : un leurre pour les "enfants handicapés"
Le ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer, qui avait réuni le matin les associations pour préparer la rentrée, a défendu son bilan en mettant en avant l'augmentation du nombre d'accompagnants d'enfants en situation de handicap (AESH), passés de 70 000 à plus de 120 000 aujourd'hui. "On peut saluer l'effort inédit mais la scolarisation reste encore un leurre pour des enfants handicapés à chaque rentrée", a de son côté souligné M. de Broca, relevant que "le statut des AESH reste précaire".
Enfin M. Castex s'est engagé à tenir début 2022 un CIH avant l'élection présidentielle, répondant aux associations désireuses d'enclencher "des décisions irréversibles".