Coupe aides: les britanniques handicapés, une "cible facile"

Alicia, quadragénaire avec des troubles bipolaires, perçoit quelques dizaines de livres par semaine. Une somme qu'elle redoute de voir réduite par le gouvernement britannique, qui a annoncé des coupes drastiques dans les aides au handicap.

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Un billet de 20 livres coupé par des ciseaux.

"Nous sommes une cible facile", déplore Alicia Cartwright, une britannique de 40 ans qui vit avec des troubles bipolaires. Enveloppée dans un manteau rouge, le visage rond derrière de grandes lunettes rectangulaires, elle est venue jusqu'à Londres depuis sa ville de Preston, dans le nord-ouest de l'Angleterre, pour témoigner de ses difficultés en marge des coupes drastiques dans les aides aux personnes handicapées annoncées par le gouvernement le 18 mars 2025.

83 euros par semaine, une "bouée de sauvetage"

Alicia compte beaucoup sur les quelque 70 livres (83 euros) versées chaque semaine dans le cadre du Personal independence payment (PIP), cette aide qui garantit l'indépendance des personnes handicapées ou touchées par une maladie de longue durée, dont le gouvernement veut durcir les conditions d'accès. "Cela peut ne pas sembler beaucoup, mais c'est une véritable bouée de sauvetage et un filet de sécurité pour moi", insiste la quadragénaire, qui travaille quand elle le peut à temps partiel – réalisant des tâches administratives pour une association.

"Une menace pour ma vie"

"Sans le PIP, je serais obligée de travailler à plein temps. À chaque fois que j'ai travaillé à temps plein au cours des 18 dernières années, j'ai fini à l'hôpital, gravement malade", raconte à l'AFP Mme Cartwright, pour qui les réformes du gouvernement sont "une menace pour (sa) vie". Divorcée, mère de deux enfants de 15 et 18 ans, elle explique être actuellement dans une phase positive de sa maladie. "Mais quand je ne vais pas bien, ça ne va vraiment pas bien" et ça peut durer "des années".

Les troubles mentaux particulièrement ciblés ?

"J'ai parfois dû faire appel à des personnes pour m'aider à m'occuper de mes enfants", souligne-t-elle. Elle en veut au gouvernement de cibler particulièrement les troubles mentaux dans sa réforme. Le ministre de la Santé Wes Streeting a même affirmé le 17 mars que les médecins les "surdiagnostiquent". C'est "parce qu'ils sont invisibles et souvent très variables" dans le temps, explique-t-elle. "Vous me regardez aujourd'hui, vous pourriez penser que je ne suis pas handicapée. Si vous m'aviez vu la semaine dernière, quand je ne pouvais pas sortir du lit, vous vous seriez dit que j'étais très handicapée", ajoute Mme Cartwright.

Une "perte d'indépendance"

Touchée elle aussi par la réforme du gouvernement travailliste, Hazira Begum, une Londonienne de 31 ans, travaille à plein temps comme conseillère en endettement, malgré plusieurs problèmes de santé : arthrite, fatigue chronique et lupus, une maladie auto-immune. Ses allocations passent essentiellement en transports pour se rendre aux rendez-vous médicaux, en raison de ses problèmes de mobilité. "Ce n'est certainement pas un luxe" et supprimer les aides "signifierait que je perdrais mon indépendance".

Une "fausse économie"

Pour Thomas Lawson, directeur général de l'association d'aide aux personnes handicapées Turn2us, il est juste de réformer le système actuel, qu'il juge "inefficace", mais le gouvernement se trompe de cible. Les cinq milliards de livres que l'exécutif espère dégager dans son budget en rognant sur les allocations "sont une fausse économie car, plus tard, les coûts seront beaucoup plus importants" et mettront la pression sur le système de santé. James Taylor, de l'organisation Scope, s'étrangle lui en évoquant les "coupes les plus importantes jamais réalisées dans les prestations d'invalidité". "La vie coûte plus cher pour les personnes en situation de handicap", souligne-t-il, évoquant "une catastrophe pour le niveau de vie et l'indépendance" des personnes concernées.

© BreakingTheWalls

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