Jacques Chirac est décédé le 26 septembre 2019, à l'âge de 86 ans. C'est lui qui avait fait du handicap l'un de ses trois grands chantiers prioritaires, au même titre que le cancer et la sécurité routière, de son second mandat présidentiel. Les trois lois de référence du handicap (loi de 1975, loi de 1987 en faveur de l'emploi et loi de 2005) ont été adoptées lorsqu'il était respectivement Premier ministre et président de la République.
Une loi fondatrice
Quelques jours avant l'adoption de la loi du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, il avait prononcé ces paroles : « En devenant plus accueillante aux personnes handicapées, la société sera, en réalité, plus accueillante à tous. Aux personnes âgées, aux parents de très jeunes enfants, à toutes celles et à tous ceux qui ont des problèmes passagers de mobilité à la suite d'un accident ou d'une maladie. […] Enfin, et peut-être surtout, le refus de l'isolement, de l'indifférence et de l'exclusion conférera à notre société, n'en doutez pas, un supplément d'âme dont chacun profitera. » Il l'avait qualifiée déjà deux ans auparavant de « réforme essentielle » et appelé à « un changement profond de mentalité ». La loi dite « handicap » de 2005 avait alors permis de nombreuses avancées : obligation d'accessibilité des transports collectifs et des établissements recevant du public en 10 ans, concrétisation du droit à compensation du handicap, création des Maisons départementales des personnes handicapées, scolarisation dans l'école la plus proche du domicile, sanctions dissuasives en cas de non-respect de l'obligation d'emploi de travailleurs handicapés dans les entreprises, etc…
Une association émue
L'ancien président s'était personnellement engagé, en via la fondation Jacques Chirac (ne pas confondre avec la fondation Chirac) qui porte son nom et gère une vingtaine d'établissements pour personnes handicapées dans le Limousin et en Auvergne. . Son but ? Accueillir, éduquer, rééduquer, former, insérer, accompagner leur vie durant et jusqu'à la mort, des personnes handicapées mentales, physiques ou atteintes de polyhandicaps graves. Il était surtout concerné à titre personnel puisque sa fille aîné, Laurence, souffrait, depuis l'âge de 15 ans, après avoir contracté une méningite et sombré dans une sévère dépression, d'anorexie mentale. Elle s'était éteinte en 2016 des suites de sa maladie à l'âge de 58 ans. Jacques Chirac parlait de ce long calvaire d'un parent en souffrance comme du « drame de sa vie ». C'est d'ailleurs dans la loi de 2005 qu'apparait pour la première fois la notion du handicap d'origine psychique, expliquel'Unafam. Lors de son adoption, Jacques Chirac fera d'ailleurs référence à « sa longue expérience, dans ce domaine, depuis plus de trente ans ».
Dans un communiqué, APF France handicap qui se dit « émue », lui rend un « hommage appuyé », saluant « son investissement profond et sincère pour les droits des personnes en situation de handicap ». « Monsieur Chirac a considérablement œuvré pour améliorer le quotidien des personnes en situation de handicap et de leurs proches », poursuit l'association, qui rappelle que c'est « le seul chef d'Etat à s'être déplacé à un congrès de l'association, en 2003 à Toulouse ».
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