Luc Montagnier, pionnier français de la recherche médicale en virologie, est mort le 8 février 2022 à 89 ans à l'Hôpital Américain de Neuilly (Hauts-de-Seine). Il est surtout connu pour sa contribution à la découverte du virus du Sida. En 1983, au sein de l'unité d'oncologie virale qu'il a créée dix ans plus tôt dans le nouveau département de virologie de l'Institut Pasteur, il parvient à isoler ce nouveau virus. Son équipe réussit à mettre au point un test de diagnostic sérologique et découvre bientôt un second virus associé au Sida en Afrique de l'Ouest, le VIH 2. Ses travaux précurseurs et son inlassable combat lui valurent en 2008 cette consécration suprême : un prix Nobel de médecine, partagé avec Françoise Barré-Sinoussi.
Mais, depuis plus de dix ans, les prises de position « pseudo-scientifiques » du virologue ont suscité de nombreuses polémiques qui l'ont mis progressivement au ban de la communauté scientifique. En 2004, il vantait par exemple les mérites de la papaye fermentée contre la maladie de Parkinson. Récemment, il avait refait parler de lui pour des propos contre les vaccins anti-Covid qu'il soupçonnait, notamment, là encore au mépris de toute preuve, d'être responsables de maladies à prions du type de Creutzfeldt-Jakob.
Guérir l'autisme ?
C'est aussi dans le champ de l'autisme que ses théories ont été controversées. En 2012, il crée une approche dite Chronimed, du nom de l'association qui regroupe une vingtaine de médecins autour de lui. Objectif ? « Rechercher les causes infectieuses cachées dans les pathologies chroniques ». La même année, devant l'Académie nationale de médecine, Luc Montagnier défend l'idée d'une « piste infectieuse » pour expliquer l'autisme, provoquant une prise de distance immédiate de l'institution. Il propose un protocole de soin de l'autisme et de la maladie de Lyme par des médicaments antibiotiques, antifongiques et antiparasitaires, dont l'efficacité n'a pas été validée scientifiquement.
En 2020, Olivia Cattan, présidente de SOS autisme France, lance l'alerte dans son Livre noir de l'autisme ; elle est suivie par l'Agence du médicament (ANSM) qui saisit le procureur de la République pour « prescription par certains médecins de médicaments en dehors de leurs autorisations de mise sur le marché ». En 2020, l'un des médecins du groupe Chronimed, le docteur Philippe Raymond, est radié du tableau de l'Ordre des médecins pour avoir délivré à des patients autistes des soins « non fondés sur les données acquises de la science » (articles en lien ci-dessous).
© Luc Montagnier en 2008 / Wikipedia