85 % des Français se déclarent favorables à la scolarisation des élèves en situation de handicap au sein de l'école publique mais à condition… qu'ils se déplacent en fauteuil roulant ?, selon un sondage réalisé par l'institut Harris Interactive pour cinq associations du handicap et de l'éducation populaire*. Ce chiffre tombe en effet à 72 % en cas de troubles « dys » et, encore plus « inquiétant », à 50 % en cas de déficience intellectuelle. La douche froide pour Trisomie 21 France qui s'interroge : « Notre école n'est donc pas capable d'accueillir tous les enfants ? ». Rappelons à tous nos concitoyens que l'école pour tous est un droit et pas une opinion.
Le handicap, facteur de perturbation ?
Les enfants autistes ou vivant avec des troubles psychiques ne sont guère plus épargnés avec respectivement 53 et 52 % de voix « pour ». A contrario, les sondés se déclarent un brin plus « tolérants » concernant l'accueil des enfants non et malentendants (62 %) ainsi que non et malvoyants (57 %) en milieu ordinaire. A noter que le fait de connaître une personne en situation de handicap fait sensiblement pencher la balance. Si la moitié des sondés estime qu'accueillir un enfant en situation de handicap physique ou sensoriel permet de favoriser l'ouverture d'esprit des élèves, plusieurs difficultés viennent noircir le tableau : l'organisation de sorties ou d'activités collectives, la mise en œuvre du programme éducatif ou encore le fait de maintenir l'attention et le calme en classe. Des problématiques majorées en cas de troubles du neuro-développement (autisme, déficience intellectuelle, troubles psychiques, troubles de l'attention et de l'hyperactivité...), selon la majorité des répondants, qui perçoivent leur intégration pour les activités quotidiennes et le bon fonctionnement de la classe comme « plus difficile ».
Inclusion : des conditions sine qua non
Si la moitié des sondés estime que des progrès ont été réalisés pour scolariser ces derniers, 71 % regrettent que les moyens alloués soient « insuffisants ». D'autre part, cette école inclusive nécessite plusieurs conditions jugées prioritaires par plus des deux tiers d'entre eux : former les enseignants, penser l'accessibilité dans toutes ses dimensions (matérielle, linguistique, pédagogique...), ouvrir l'école à la coopération avec les professionnels du secteur médico-social, instituer un dialogue renforcé avec les familles, apporter les aides humaines (Accompagnants d'élèves en situation de handicap) sur le temps scolaire à bon escient, informer davantage les élèves sur le handicap...
Egalité VS équité
Enfin, les personnes interrogées expriment des avis partagés sur des grands principes d'égalité de traitement. Les pro-équité (65 %) estiment que les élèves en situation de handicap doivent pouvoir accéder à des évaluations, examens et concours adaptés, tandis que les pro-égalité (35 %) plaident pour les mêmes examens pour tous. Pour quelle raison ? Mystère... De même, 53 % pensent que les élèves en situation de handicap doivent pouvoir s'orienter dans la filière professionnelle de leur choix, quel que soit leur handicap, quand 47 % penchent pour des filières compatibles avec celui-ci.
Une campagne digitale
Réalisé pour la deuxième année consécutive, ce sondage met notamment en lumière le décalage persistant entre les attentes des Français, la volonté politique affichée et la réalité de terrain. Face à ce constat, les associations appellent la communauté éducative et les pouvoirs publics à « repenser l'école pour qu'elle soit réellement inclusive », par le biais de la campagne digitale « #ma_place_cest_en_classe ». « Notre école fait, certes, des progrès mais un plafond de verre subsiste toujours pour les handicaps notamment liés à l'expression de troubles neurodéveloppementaux, déplorent-elles. L'action doit donc se poursuivre dans tous les domaines pour que chaque élève trouve sa place à l'école : formation, coopération, accompagnement, simplification des parcours. »
*Enquête réalisée en ligne les 24 et 25 août 2020 sur un échantillon de 1 012 personnes par Trisomie 21 France, l'association nationale des parents d'enfants aveugles (ANPEA), la Fédération nationale des associations au service des élèves présentant une situation de handicap (FNASEPH), la Fédération générale des pupilles de l'enseignement public (FGPEP) et l'Union des associations nationales pour l'inclusion des malentendants et des sourds (UNANIMES)