À peine l'été avait-il débuté que la canicule s'abattait déjà sur la France. Et, réchauffement climatique oblige, ces épisodes risques d'être de plus en plus fréquents... Si des messages de prévention sont régulièrement diffusés dans les médias, tous les citoyens ne sont pas en capacité de les comprendre. Les personnes en situation de handicap mental sont donc particulièrement exposées aux risques inhérents aux fortes chaleurs. Pour les aider à y faire face, l'association Coactis santé – qui, via le projet SantéBD, diffuse des informations pédagogiques pour améliorer l'accès à la santé des personnes handicapées – publie le poster gratuit "Je reste en bonne santé pendant la canicule", composé d'explications en Facile à lire et à comprendre (FALC) et de dessins rassurants (photo ci-dessus).
Des conseils simples mais essentiels
« À la maison, je bois de l'eau régulièrement. Je ne bois pas d'eau glacée. Je ne bois pas d'alcool. » Pour garder « ma maison fraîche, la journée, je ferme les fenêtres, les volets ou les rideaux. La nuit, j'ouvre les fenêtres. » « Si je sors, je protège ma tête avec un chapeau, je mets de la crème solaire... » « Si je ne me sens pas bien (fatigue, fièvre, vertiges), j'appelle mon docteur. » Ces informations simples mais essentielles peuvent sauver des vies !
Anne Charlotte Dambre, co-déléguée de l'association Coactis santé, et Sophie Lemarié, experte SantéBD (SantéBD:20 000 images faciles à comprendre en accès gratuit) et orthophoniste intervenant auprès d'enfants avec troubles du spectre de l'autisme (TSA) nous exposent les enjeux de cet outil.
Handicap.fr : Quels sont les risques majeurs pour les personnes avec un handicap mental pendant la canicule ?
ACD et SL : La déshydratation. Exposé aux fortes chaleurs, le corps peut se déshydrater très rapidement, entraînant un certain nombre de symptômes allant de la fatigue aux vertiges lors d'un épisode de déshydratation légère, jusqu'aux somnolences, maux de tête, crampes ou encore l'apparition de fièvre lors d'une déshydratation sévère. Les personnes avec un handicap mental vont percevoir moins facilement les symptômes et ainsi réagir moins vite, ce qui est particulièrement dangereux, notamment si elles vivent seules. Par ailleurs, celles qui présentent un trouble de la communication, notamment les personnes avec un TSA vont être en difficulté pour communiquer leur mal-être. C'est pour cette raison qu'il est essentiel qu'elles connaissent les recommandations pour les appliquer au mieux et éviter la déshydratation.
H.fr : Comment avez-vous sélectionné les messages transmis dans le poster ?
ACD et SL : Nous nous sommes appuyés sur les recommandations données par le gouvernement, l'Agence régionale de la santé (ARS) et l'Assurance maladie. Parmi la liste des recommandations, nous avons sélectionné les plus importantes (sous conseil médical) ainsi que les plus simples à comprendre et les plus facilement applicables. Il est primordial pour l'équipe de SantéBD de fournir les informations sous la forme la plus simple possible afin de garantir la compréhension d'un maximum de personnes présentant des difficultés de compréhension.
H.fr : Pourquoi avoir opté pour ce format ?
ACD et SL : Au même titre que le poster "Je reste en bonne santé durant l'hiver", il nous a semblé judicieux de proposer un support court, sur une page, pour comprendre rapidement et facilement les recommandations majeures. Ce format permet une diffusion plus facile puisqu'il peut facilement être imprimé et affiché, notamment dans les salles d'attente ou les lieux de vie de résidents. Le format poster est particulièrement intéressant pour des personnes avec des troubles mnésiques ou des troubles de l'attention puisqu'il permet un rappel de l'information régulier.
H.fr : Quels retours avez-vous reçus de la part des personnes en situation de handicap mental ou de leurs accompagnants sur la compréhension et l'utilité de ce support ?
ACD et SL : Nous avons eu des retours très positifs aussi bien des directeurs d'établissements que des professionnels qui sont à la recherche de ce type de supports pour les afficher et garder une visibilité constante. Étonnamment, ce poster est utile à tous ! Enfin, les usagers qui ont testé le poster avant sa diffusion l'ont parfaitement compris et ont pu mettre en place les recommandations quand cela a été nécessaire. Nous espérons que des états de déshydratation ont pu être évités grâce à ce poster.
H.fr : Où est-il diffusé ?
ACD et SL : Le poster peut être téléchargé et imprimé librement par tous ceux qui veulent diffuser des messages de prévention santé. Il est également affiché actuellement dans de nombreux lieux d'accueil du public : écoles, hôpitaux, salles municipales, maisons de retraite…
H.fr : Avez-vous constaté une augmentation de la demande de supports en FALC pour les messages de santé publique ?
ACD et SL : Oui, et de manière très forte depuis le Covid-19 qui a fait connaître SantéBD au grand public (Pandémie Covid-19 : des fiches en FALC). Aujourd'hui, le FALC est connu de beaucoup de structures alors qu'il ne l'était, il y a quelques années, que des familles concernées par le handicap et du secteur médico-social. Le besoin d'informations facile à comprendre est immense. Il touche tous les secteurs d'activités et concerne de très nombreuses personnes en France : celles qui ont du mal à comprendre le français, les enfants, les personnes avec un faible niveau d'éducation, les personnes avec des handicaps cognitifs… Elles seraient environ 23 millions (source : rapport Litteratie en santé 2022 – Santé publique France).
Chez SantéBD, nous avons développé beaucoup de sujets sur la prévention santé après avoir couvert les principaux thèmes de santé : examens médicaux , consultations et soins. Le processus de création des posters et des bandes-dessinées autour de la prévention est d'ailleurs plus long puisqu'il ne s'agit pas de décrire un parcours de soins mais de réfléchir à la meilleure façon d'encourager des comportements vertueux pour la santé. Cela demande de nombreuses réunions d'experts du handicap et d'écriture en FALC mais aussi plusieurs relectures de personnes concernées avant de parvenir à la forme définitive qui sera accessible à un maximum de personnes. Nous avons encore beaucoup de sujets à traiter...
© Coactis santé
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