Dernière minute : Cette pétition semble avoir interpellé les élus. Le 24 janvier 2017, la député écologiste Véronique Massonneau a évoqué le sujet à l'Assemblée lors des questions au gouvernement. La ministre de la Santé a répondu : « Les textes d'aptitudes ne correspondent pas à la réalité médicale et la réalité des soins. Le gouvernement est favorable à ce que ces textes évoluent et que soient revues complètement les conditions d'aptitudes pour un certain nombre de métiers au regard des personnes diabétiques et, le cas échéant, de personnes malades d'autres pathologies. » La Fédération française des diabétiques se félicite de cette prise de position et attend désormais des actes !
Alizée, 22 ans, est championne de karaté. Déterminée à passer le concours d'agent de police, elle a réussi toutes les épreuves, excepté la visite médicale. Le médecin responsable s'est catégoriquement positionné contre son admission. Le motif de ce refus autoritaire ? Alizée est diabétique. Maximilien, lui, a 15 ans. Il rêve de devenir pilote de ligne. À cause de son diabète, il sait qu'exercer ce métier sera très compliqué, voire impossible. Dénonçant l'interdiction, pour les personnes diabétiques, d'exercer de nombreuses professions, la Fédération française des diabétiques (FFD) lance sa campagne « Je fais un vœu » pour interpeller les candidats à la présidentielle 2017 et modifier la loi en vigueur.
Hypoglycémie et déficience visuelle
« Beaucoup de diabétiques travaillent sans aucun problème », assure Maître Sylvie Papasian, avocate de la Fédération. En France, on compte 4 millions de personnes atteintes de diabète, tout type confondu. Pourtant, de nombreuses professions telles que contrôleur SNCF, marin, pompier, ingénieur des Mines ou employé de la Sécurité sociale leur sont encore inaccessibles. Comment expliquer cette restriction ? La plupart des règlementations professionnelles considèrent que le diabète n'est pas compatible avec ces activités à cause du potentiel risque d'hypoglycémie. Dans d'autres cas, la maladie peut entraîner une déficience visuelle qui pourrait compromettre certaines missions. « Les traitements d'aujourd'hui nous permettent pourtant de faire ce qu'on veut, estime Maximilien. En tant que pilote, sur des vols très courts, un problème lié au diabète serait totalement improbable. »
Une réglementation obsolète
« Les diabétiques ont longtemps été considérés comme inaptes parce qu'on pensait qu'ils allaient avoir des complications », explique Gérard Raymond, président de la FFD, qui rappelle que la plupart des interdictions datent d'il y a longtemps. L'association dénonce aujourd'hui des textes réglementaires obsolètes. Elle réclame une réévaluation de l'accès à ces professions au cas par cas, incluant une meilleure prise en compte des traitements actuels.
Pour un nouveau groupe interministériel
Sur le site de sa nouvelle campagne de sensibilisation (en lien ci-dessous), la pétition en ligne, lancée avec l'association Aide aux jeunes diabétiques (AJD), réunit pour le moment plus de 31 000 signataires. L'occasion pour les deux organismes d'interpeller explicitement les candidats aux élections présidentielles 2017 et de leur demander de « créer un groupe interministériel qui réévalue au moins une fois par an, au regard des évolutions technologiques et médicamenteuses, la liste des professions interdites aux personnes diabétiques ». Ils invitent également tous les candidats à inscrire ces engagements dans leur programme. Pour faire sortir de l'impasse des millions de personnes diabétiques et élargir, enfin, leur horizon professionnel.
© Fédération française des diabétiques