Un enfant sur 160 serait autiste, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Une récente étude américaine (lien ci-dessous, payante) analysant les données du Rhode Island consortium for autism research and treatment (en français, Consortium pour la recherche et le traitement de l'autisme ou RI-CART)*, publiée dans Autism research (journal de la société internationale pour la recherche sur l'autisme), affirme que les filles reçoivent ce diagnostic environ un an et demi plus tard que les garçons. En cause, notamment ? Des capacités linguistiques et communicationnelles plus développées et des « traits autistiques plus subtils ».
Capacités à exprimer ses émotions
« Souvent, les garçons concernés par des troubles du spectre de l'autisme (TSA) ont des comportements qui sont, en quelque sorte, plus éloquents, précise Veena Ahuja, pédopsychiatre à l'hôpital pédiatrique américain Cleveland clinic children's. Les filles sont plus susceptibles de se fondre dans la masse, jusqu'à ce qu'elles atteignent un âge plus avancé où l'on réalise qu'elles n'interagissent pas autant que leurs pairs. » Selon elle, en cas d'autisme léger, les premiers signes n'apparaissent qu'à l'école primaire. En cas de doute, la pédopsychiatre préconise d'interroger l'enfant sur ses sentiments. Vers l'âge de 6-7 ans, « un enfant est généralement capable de parler de ses émotions, ses pensées, et de décrire des éléments encore plus abstraits, poursuit-elle. Ceux qui sont porteurs d'autisme, y compris les filles, ont plus de difficulté à le faire. La plupart ne sauront pas décrire ce qu'ils ressentent à l'intérieur. »
Diagnostic précoce = prise en charge efficace
Autre frein, selon le Dr Ahuja, de nombreux parents émettent des doutes quant à l'autisme de l'enfant mais ne leur font pas passer d'évaluation par « peur » du verdict. Les années passent, les symptômes s'accumulent et le mal-être peut parfois s'amplifier. Or, une « détection » précoce est essentielle pour une prise en charge efficace sur le long terme. « L'autisme n'est pas quelque chose dont il faut avoir honte, rappelle la pédopsychiatre. Un diagnostic permet simplement à l'enfant de recevoir plus facilement et rapidement l'aide dont il a besoin. » A ce titre, les auteurs de l'étude recommandent le développement de nouvelles stratégies pour un diagnostic plus précoce chez les femmes, qui sont souvent victimes d'un « biais de genre dans l'autisme » (article en lien ci-dessous).
* Le diagnostic était basé sur l'observation comportementale directe via la deuxième édition du Programme d'observation diagnostique de l'autisme (ADOS-2). Les 1 000 participants étaient âgés de 21 mois à 64 ans.