« Placer une affichette sur l'épilepsie dans mon cabinet a déclenché la parole des travailleurs que je recevais ». Médecin du travail à la retraite, Francine Plaussu est membre de l'antenne de l'association Épilepsie-France en Isère. Elle regrette le peu d'insertion professionnelle auquel font face de nombreuses personnes épileptiques. Deuxième maladie neurologique en France, elle touche près de 810 000 personnes.
Chez l'employeur, la peur de l'inconnu
Fin novembre 2017, Épilepsie France faisait le point sur les difficultés que connaissent les personnes sujettes pour accéder à l'emploi. « Très souvent, lorsqu'un candidat évoque son épilepsie en entretien d'embauche, il peut effrayer l'employeur qui trouvera un moyen détourné de ne pas l'embaucher, explique Francine Plaussu. Donc il tait sa maladie et ne la révèle que lors de la visite médicale d'embauche. » Pourtant, 70% des personnes dites stabilisées grâce à un traitement permettant d'éviter les crises n'occasionnent que peu d'aménagements de poste et, surtout, aucune contre-indication médicale particulière. Comme dans d'autres situations de handicap, une personne épileptique peut travailler tout à fait normalement mais la méconnaissance de la maladie entretient la défiance de l'employeur. Entre l'incompatibilité des épilepsies actives avec la conduite, les secteurs d'activité dont l'accès est règlementé et les conditions de travail à prendre en compte, l'épilepsie peut également « devenir un obstacle à l'insertion des patients dans le monde du travail, gommant leurs choix ou leurs envies », estime par ailleurs l'association.
Prise en charge personnalisée
Pour y remédier, des consultations spécifiques d'accompagnement sont mises en place dans certaines régions, comme en Île-de-France. Pluridisciplinaires, ces séances médico-psychologiques d'évaluation des aptitudes professionnelles visent à évaluer de façon personnalisée la qualité de la prise en charge médicale de la maladie, à dépister des handicaps associés pas toujours reconnus et souvent non pris en charge (notamment sur les plans neuropsychologique et psychique) et à fournir aux opérateurs d'insertion les indications utiles à la préparation d'un projet professionnel adapté.
Une option incontournable à faire connaître au grand public. À ce sujet, Épilepsie-France organisera le 10 février 2018, deux jours après la Journée internationale dédiée à la maladie, un Sommet national de l'épilepsie à Paris pour « engager une stratégie nationale de prise en charge des patients concernés et de leur famille ».
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