« Cela me rend ma liberté », raconte la Britannique Anne Dunham, qui participe aux Jeux de Rio à quelques semaines seulement de son 68e anniversaire. Atteinte de sclérose en plaques, elle est en fauteuil depuis l'âge de 30 ans. Cette sensation de liberté était dans la bouche de tous les cavaliers participant à l'épreuve de dressage, dans la catégorie 1a, celle des athlètes les plus handicapés.
Plus de force avec l'animal
L'un après l'autre, les sportifs témoignaient de cette double réalité : lorsqu'ils sont au sol, ils se sentent emprisonnés. Sur la selle, soudain, ils ont avec eux toute la force d'un animal grand, majestueux. Engagée dans ses cinquièmes jeux paralympiques, Anne Dunham assure : « Je suis l'égale de beaucoup de personnes et, en fait, je suis même meilleure qu'elles une fois sur mon cheval, parce que je sais monter ». Son cheval s'appelle Lucas Normark. « C'est l'un de mes meilleurs amis et il m'emmène autour de ce monde merveilleux et grand ouvert ». Gemma Rose Foo, cavalière singapourienne de 20 ans, affiche le même enthousiasme : « Le cheval, c'est comme des jambes ». Elle ne peut plus marcher en raison d'une paralysie cérébrale.
Pas de protection en cas de chute
Les cavaliers paralympiques ne participent pas dans les disciplines les plus risquées, comme le saut. Au dressage, ils doivent faire preuve d'un contrôle parfait de l'animal, sur une séquence préétablie de mouvements. Durant la compétition, un « cheval ami » se tient par sécurité sur le bord du terrain pour rassurer le cheval qui défile. Les cavaliers ayant des problèmes de vue ou de concentration sont aidés par un assistant qui leur crie des instructions. Mais le danger reste toujours présent pour ces sportifs, qui ne peuvent pas toujours se protéger en cas de chute. Gemma Rose Foo se souvient d'un entraînement en Allemagne, en mars, où un bruit fort avait effrayé son cheval et l'avait fait tombé. Résultat : une rupture de la rate et des mois de thérapie intensive pour pouvoir venir à Rio.
8 ans pour arriver à rester en selle
Apprendre à monter à cheval, pour une personne handicapée, relève du challenge. Robyn Andrews, 33 ans, était un enfant doué au skate, au Canada, lorsqu'on lui a décelé une tumeur au cerveau. Lors de l'opération, les chirurgiens qui voulaient alléger la pression sur son cerveau ont touché l'artère principale, lui causant un accident vasculaire cérébral massif. Elle en est restée entièrement paralysée. « Elle ne pouvait pas cligner des yeux », se rappelle sa mère Diana. À 17 ans, Robyn a commencé un cours d'équitation thérapeutique. L'idée n'était pas tant d'apprendre à monter à cheval que de faire marcher son corps à nouveau. Il lui a fallu huit ans pour arriver à rester sur l'animal sans l'aide de quelqu'un. Désormais en compétition aux Jeux paralympiques, elle retrouve dans les épreuves de dressage les mêmes frissons qu'au skate. Elle voit entre les deux sports une similarité : « Il y a les figures à respecter, il faut les mémoriser ».
Le souvenir de ma vie avant la maladie
La Finlandaise Katja Karjalainen, 54 ans, souffre quant à elle d'une maladie neurologique dégénérative depuis ses 26 ans, ce qui lui a fait perdre toute coordination des jambes. Aujourd'hui, elle ne voit qu'un œil. Elle se remémore : « Quand j'étais en bonne santé, je faisais du saut de haies. La course, ça a toujours été quelque chose d'important pour moi », confie-t-elle avant de fermer les yeux dans un sourire : « Une fois sur le cheval, j'ai le souvenir de ma vie avant la maladie ».
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