Par Jessica Lopez
Mesure phare de la stratégie pauvreté présentée il y a un an par le chef de l'Etat, le service public de l'insertion doit permettre "d'aller vers" les plus démunis, tels que les bénéficiaires du RSA ou encore de l'Allocation adulte handicapé, et leur "offrir une chance d'accéder à un emploi", a résumé la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, en présentant cette consultation le 9 septembre 2019.
Un changement d'approche
"Il ne s'agira pas d'une institution de plus mais d'un changement d'approche", a-t-elle expliqué lors d'une réunion avec les associations, les collectivités, les partenaires sociaux et les opérateurs comme Pôle emploi. "Il faut tous se mettre autour de la table pour pouvoir créer des parcours sans coupure, pour et avec le bénéficiaire." Conduite par Jean-Marie Marx, haut-commissaire aux compétences et à l'inclusion par l'emploi, et Olivier Noblecourt, délégué interministériel à la lutte contre la pauvreté, la concertation devrait durer jusqu'à fin janvier. Elle s'articulera autour de quatre axes : les objectifs d'un service public de l'insertion (SPI), les parcours des allocataires, l'offre de service et son implantation territoriale, et la gouvernance et le financement du SPI. Le SPI fera ensuite l'objet d'un texte de loi début 2020, le même que celui instituant le Revenu universel d'activité (RUA), vaste chantier de fusion des prestations sociales.
L'implication de départements
Depuis les années 1980, ce sont les départements qui ont la compétence de l'aide sociale. Face à la hausse du nombre de bénéficiaires du RSA et de l'AAH, ils demandent depuis plusieurs années une participation accrue de l'Etat. Conformément aux engagements de la stratégie pauvreté, ce dernier a d'ores et déjà attribué 135 millions d'euros aux départements qui se sont engagés sur des résultats en matière de lutte contre la pauvreté. Des fonds qui seront portés à 210 millions en 2022, a précisé Mme Dubos. "Insuffisant" pour Stéphane Troussel (PS), président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis. "Si l'Etat ne règle pas la question du financement, des départements continueront d'être en difficulté et les situations d'inégalités entre les territoires vont perdurer".
Sous le seuil de pauvreté
Rappelons que, fin 2017, 1,16 million de personnes bénéficient d'une AAH vivent dont le montant maximum est aujourd'hui de 860 euros par mois alors que le seuil de pauvreté est fixé à 1 026 euros en France pour une personne seule. Il y a aussi les pensionnés d'invalidité, les contrats professionnels précaires, et bien d'autres… La moitié des personnes handicapées ont un niveau de vie inférieur à 1 540 euros par mois, soit près de 200 euros de moins qu'une personne valide. Plus le handicap est sévère, plus le revenu est faible et le niveau de pauvreté élevé. Le handicap constitue donc manifestement un facteur d'exclusion, pour les personnes concernées mais aussi pour les aidants.