Elle est sourde-aveugle. Une sauvageonne de 11 ans a priori sans esprit qui ne trouvera sa place que dans un asile. Son père, un humble artisan, s'y oppose. Il traverse la France pour la confier à des religieuses de l'institut pour jeunes filles sourdes de Larnay, près de Poitiers ; l'une d'entre elles, Marguerite, accepte de relever le défi pour sortir ce « petit animal sauvage » de la nuit.
Une Ellen Keller française
Elle s'appelle Marie Heurtin, a vécu à la fin du 19ème siècle. Quinze ans avant son homologue américaine prestigieuse, Helen Keller (jeune fille sourde-aveugle sauvée par sa gouvernante, devenue écrivain), la jeune Marie va accéder, malgré sa céci-surdité, à la connaissance, grâce au dévouement sans limite de cette sœur qui lui apprend la langue des signes tactile. Au fil des mois, à force de patience et d'une obstination parfois violente, l'esprit de la « bête furieuse » s'éveille et se saisit du bonheur de communiquer, d'être, enfin, en ce monde, en l'effleurant du bout des doigts.
Emotion au rendez-vous
Inspiré de cette histoire vraie, le dernier long-métrage de Jean-Pierre Améris (Les émotifs anonymes, L'homme qui rit…) est une ode à la tolérance et au respect des différences. Ne pas se fier au synopsis : no bondieuserie ni morale judéo-chrétienne ! Voilà un film céleste, positif, bouleversant… L'histoire est belle, les personnages attachants et, pour ne rien gâcher, l'image sublime. Un cocktail qui n'épargne pas non plus les larmes. Et puis, dans cette histoire, il y a surtout une morale ; celle que l'on croyait handicapée, dépendante, tend à son tour une main aidante à celle qui l'a sauvée. La vulnérabilité n'est qu'un état passager dès lors qu'on est accompagné…
Ariana Rivoire, une révélation !
C'est Isabelle Carré, actrice fétiche du réalisateur, qui incarne sœur Marguerite, aux côtés de jeunes figurantes, sourdes pour la plupart. Mais celle qui fait vaciller l'écran, c'est Ariana Rivoire, repérée par le réalisateur à la cantine d'un établissement pour enfants sourds. Dans la « vraie vie », elle voit mais n'entend pas. Pour ce rôle, perdant aussi la vue, elle nous ouvre les yeux. Une petite âme emprisonnée qui, parce qu'on a cru en elle, en dépit des apparences, a fini par voler de ses propres ailes.
Des avant-premières accessibles !
Une quarantaine de dates d'avant-premières, pour la plupart en présence du réalisateur, sont programmées jusqu'au 10 novembre 2014 (liste complète sur le lien ci-dessous). Ouvertes à tous les spectateurs, elles sont accessibles en sous-titrage SME (sourds et malentendants) et audiodescription. Sur le site du film, un onglet « Accueil SME » permet d'accéder aux interviews des acteurs et du réalisateur et à des extraits du making-off sous-titrés. Sortie de ce petit bijou prévue le 12 novembre 2014.