On a reproché à la production du film La famille Bélier, sorti en 2014 (article en lien ci-dessous), de n'avoir casté qu'un seul comédien sourd (le jeune frère). Le monde du cinéma et du spectacle fait rêver mais il est loin d'être accessible à tous. Les acteurs, notamment, sont triés sur le volet. Pas de place, ou très peu, pour ceux qui sont en situation de handicap, par exemple sourds ou malentendants. Face à ce constat, l'université de Toulouse-Jean Jaurès vient de lancer une formation « Art du spectacle visuel en langue des signes » ; « la première en Europe à déboucher sur un diplôme ! », assurent ses créateurs. Elle est adossée à l'association Ecole de Théâtre universelle.
Un programme adapté
Pour obtenir ce diplôme d'université (DU), les étudiants doivent suivre les cours d'une vingtaine de professeurs, enseignants-chercheurs ou professionnels du spectacle. Au programme : l'univers théâtral d'un point de vue historique, les bases du jeu d'acteur, l'art du théâtre visuel et l'analyse des pratiques professionnelles. La formation s'achève sur un stage et la création d'une pièce. L'objectif : former les élèves aux métiers de créateur et d'interprète (metteur en scène, chorégraphe, dramaturge…).
Le précieux sésame
Les premiers à se « prêter au jeu » ? Dix-sept stagiaires sourds ou entendants, de France et d'ailleurs, impatients de débuter cette formation « inédite » de 600 heures sur deux ans dispensée entièrement en LSF. La majeure partie du temps, les autres établissements proposent seulement une partie des cours dans cette langue ou ne délivrent pas de diplôme à la fin du cursus. Un sésame pourtant précieux, indispensable pour trouver un emploi dans ce milieu très sélecte.
Des partenaires mobilisés
Avant de se lancer dans cette aventure, Alexandre Bernhardt et Martin Cros, responsables pédagogiques, ont organisé des ateliers au théâtre du Grand Rond (Toulouse), partenaire de la formation et très engagé dans la culture sourde. « Notre objectif est de sensibiliser les professionnels et les spectateurs à l'accueil d'artistes et de publics sourds », explique Chloé Grassi, la responsable de projet, à 20 minutes. Leur leitmotiv : la culture et le septième art accessibles à tous. Malgré l'expression particulière et l'énergie dégagée par la langue des signes, les sourds ou malentendants peinent souvent à décrocher des seconds rôles… Cette nouvelle formation espère donc changer la donne pour les mener sous le feu des projecteurs.