Gaz hilarant: hausse des effets dévastateurs chez les jeunes

On ne rigole pas avec le protoxyde d'azote ! Détourné de son usage antalgique et consommé en grande quantité, ce gaz dit "hilarant" peut favoriser l'apparition de lésions neurologiques sévères, de troubles psychiques et du rythme cardiaque. Danger !

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Le gaz « hilarant » ne porte pas bien son nom... De plus en plus de jeunes adeptes de celui qu'on appelle également protoxyde d'azote déferlent dans les services hospitaliers de neurologie. En 2020, 134 cas d'usage récréatif ont été rapportés aux centres antipoison français, contre 47 en 2019, selon un rapport de l'Agence de sécurité sanitaire (Anses) (en lien ci-dessous). Troubles moteurs, musculaires, sphinctériens ou encore de l'érection... Consommée régulièrement et en grande quantité, cette substance, habituellement utilisée en anesthésie ou en antalgie, peut avoir des conséquences désastreuses.

Des jeunes en fauteuil roulant

Depuis quelques années, les cartouches de siphon dédiées à l'usage culinaire sont détournées pour obtenir, par inhalation, un effet euphorisant. Mais les consommateurs, principalement des jeunes d'une vingtaine d'années, peuvent vite passer du rire aux larmes... Certains patients présentent des « fourmillements des quatre membres, surtout des jambes qui, progressivement, vont s'accompagner d'un déséquilibre. A force de ne plus sentir leurs membres inférieurs, ils ne peuvent plus marcher. Ils arrivent en fauteuil roulant », explique au Parisien le docteur Broucker, chef de service neurologie de l'hôpital Delafontaine à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). « On a des malades paraplégiques, qui récupèrent très vite, et d'autres, bien moins atteints, pour qui ce n'est pas le cas », poursuit-il.

Favorise les troubles psychiques et neurologiques

Cette pratique, qui s'intensifie au fil des ans, favorise l'apparition de lésions neurologiques sévères, en raison de l'action du gaz sur le système nerveux central. L'Anses pointe également une augmentation des cas d'atteintes neuromusculaires parfois graves, de type sclérose combinée de la moelle, myélopathie entraînant des paresthésies, des troubles de la marche et de l'équilibre, des convulsions, des tremblements, parfois avec des séquelles qui nécessitent des séjours en rééducation. Cela peut également favoriser les troubles psychiques tels qu'attaques de panique, délires, confusions, amnésies, agitations, irritabilité, insomnies, etc. mais aussi des troubles du rythme cardiaque (tachycardie, hypertension artérielle, bradycardie, douleurs thoraciques...). Plusieurs accidents de la voie publique ont également été rapportés.

Les réflexes à avoir en cas d'intoxication

Face à ce constat alarmant et à la sous-estimation du risque, les agences sanitaires préconisent un encadrement plus strict de sa commercialisation. Face à des symptômes inquiétants ou inhabituels, elles recommandent de contacter le Centre antipoison ou celui d'addictovigilance le plus proche. En cas de difficulté à contrôler et/ou à stopper sa consommation dans un contexte d'usage détourné, il est conseillé de consulter un médecin ou une structure spécialisée dans la prise en charge des addictions, telle qu'une « consultation jeunes consommateurs » qui propose un service gratuit et confidentiel d'accueil et d'écoute et, si nécessaire, une orientation.

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Cassandre Rogeret, journaliste Handicap.fr"
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