A 20 ans, Olivier Gentilini a la tête pleine de rêves. Il envisage de devenir guide de haute montagne ou paysagiste mais ce qui l'intéresse surtout ce sont les sports extrêmes. De retour d'une soirée entre amis, un accident de la route brise tous ses espoirs et le rend paraplégique. Pas du genre à se laisser abattre, le jeune homme met toute son énergie dans son rétablissement et n'imagine pas une seconde sa vie sans sport. Aujourd'hui âgé de 35 ans, ce triathlète s'entraîne quasiment tous les jours pour relever de nouveaux défis : natation en eau vive, rallye raid, crossfit, wakeboard… Rien ne l'arrête, et certainement pas son handicap !
Une renaissance
Olivier Gentilini en un mot ? Résilience ! Alors que la facilité penchait du côté du repli sur soi et de la dépression, il a surmonté son accident avec détermination. « Cet évènement m'a fait prendre conscience de l'importance d'une vie. J'étais vivant, c'était déjà une victoire. Je ne suis pas un revanchard de la vie, j'ai seulement décidé de la rendre encore plus chouette. Il ne faut pas suivre un parcours tout tracé mais emprunter son propre chemin, celui qui est dicté par la passion », conseille le triathlète. Publicitaire durant huit ans, il se réveille un matin en comprenant qu'il « a fait le tour » de ce métier et que sa vraie passion est ailleurs… Depuis, il enchaîne les challenges avec une soif de vivre intensément et une ambition : montrer que sport et handicap sont bel et bien compatibles. Son credo : « Tous les sports sont accessibles, même les plus extrêmes, il suffit de les adapter ».
Une association no limit
Son parcours impressionne les entraîneurs les plus aguerris : marathon, aquathlon, triathlon... Il entame sa carrière d'athlète en 2011, en participant à un rallye en 4X4 dans les dunes du désert marocain. Une « routine » puisqu'il y participe chaque année depuis huit ans ! En 2016, il crée l'association N-OLI-MIT (lien ci-dessous) pour permettre aux sportifs aguerris et aux amateurs, en situation de handicap ou non, de faire du sport ensemble. « Il n'y a aucune limite à la pratique d'une activité, surtout pas le handicap. Je voulais montrer que, malgré les obstacles, si on est vraiment déterminé, il est possible de faire simplement du vélo comme il est envisageable de participer aux Jeux olympiques ou paralympiques », assure le jeune homme. Dans un second temps, il les met en relation avec d'autres membres de l'association ou des sponsors pour les aider à financer le matériel dont ils ont besoin pour concrétiser leur projet.
Bye l'Ironman
La même année, Olivier se lance un pari fou : « Devenir l'un des premiers athlètes handisports lyonnais à participer à la plus grande compétition de triathlon au monde, l'Ironman d'Hawaï ». Il regroupe trois épreuves colossales : 3,8 km de natation, 180 km de vélo et 42,2 km de course à pied. Il s'entraîne d'arrache-pied mais une déchirure au biceps le contraint de remettre ce projet à plus tard. « C'était un grand rêve mais l'Ironman demande un entraînement assez fou et j'ai préféré m'arrêter avant qu'il ne soit trop tard. Mon coach m'a appris à relativiser : 'Mieux vaut faire quatre petites compétitions mais en étant certain d'arriver sur le podium plutôt qu'aucune à cause d'une blessure irréversible', m'a-t-il dit. Il avait du flair car c'est justement ce qui s'est passé ! »
Comme un poisson dans l'eau
Plus récemment, il a bouclé la traversée du golfe de Saint-Tropez, soit 5 km à la nage, en moins de deux heures. Nouveau record battu pour ce champion « increvable » ! Et comme un grand athlète progresse dans l'adversité, les bancs de méduses et le courant étaient au rendez-vous pour « pimenter » son challenge. « Je suis accro à l'adrénaline, j'en ai besoin pour me sentir pleinement vivant », confie Olivier Gentilini. Dernière compétition en date : le Morocco swim trek, une course à la nage de plus de 30 km à la seule force de ses bras, fin 2018. Seul au milieu de la mer, débarrassé de son fauteuil, il se sent comme un poisson dans l'eau. Une situation angoissante pour certains mais qui lui procure un sentiment de liberté « inqualifiable ».
Du changement dans l'air
Aujourd'hui, il aspire à d'autres projets… « J'aimerais me détacher de la compétition, réaliser des défis inédits plutôt que de me mesurer à des milliers de concurrents et nager dans toutes les mers du monde », révèle-t-il. Conscient de la « chance » qu'il a eu d'être sous les feux des projecteurs durant plusieurs années, il souhaite désormais se faire plus discret, se retirer pour laisser la place à d'autres. « J'aimerais presque qu'on oublie le nom d'Olivier Gentilini pour parler davantage de N-OLI-MIT… Aujourd'hui, je voudrais me consacrer au sponsoring de handisportifs pour les aider à aller au bout de leurs rêves, à assouvir leur passion sans se poser l'éternelle question du financement. »