Michaela Benthaus, première femme paraplégique dans l'espace

À 33 ans, l'ingénieure allemande Michaela Benthaus entre dans l'histoire en devenant la première personne en fauteuil roulant à voyager dans l'espace. Un petit pas pour l'Homme, un grand pas pour une exploration spatiale plus inclusive.

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Michaela Benthaus et les 5 autres passagers du vol NS-37 avant d’embarquer.

« L'espace est pour tout le monde. » C'est avec ces mots que Blue Origin, l'entreprise américaine fondée par Jeff Bezos, annonce sur X le vol suborbital de Michaela Benthaus, le 20 décembre 2025. À 33 ans, cette ingénieure allemande devient la première personne paraplégique à franchir la frontière de l'espace, à bord de la fusée New shepard. Ce vol touristique a décollé dans l'ouest du Texas, aux États-Unis, peu après 08h15 (heure locale). Une expérience brève, d'une dizaine de minutes, mais lourde de sens, dans un secteur historiquement réservé à des profils extrêmement « normés ».

Un accident qui ne freine pas ses ambitions

Passionnée d'ingénierie et d'exploration, Michaela Benthaus voit sa trajectoire basculer en 2018, après un accident de VTT qui provoque une lésion de sa moelle épinière. Le diagnostic est brutal : paraplégie. Elle a alors 26 ans. Pour beaucoup, une telle annonce aurait pu marquer un renoncement. Pour elle, ce sera un tournant. Refusant de renoncer à ses ambitions, la jeune femme poursuit ses études en mécatronique, une filière mêlant mécanique, électronique et informatique, puis en ingénierie aérospatiale, convaincue que le handicap ne doit pas être un frein aux rêves, ni aux carrières scientifiques.

Une préparation rigoureuse, loin du simple coup médiatique

Le vol de Michaela Benthaus ne relève pas de l'improvisation ni d'un simple symbole. Avant de franchir la ligne de Kármán, limite qui marque l'entrée officielle dans l'espace, là où l'atmosphère devient trop fine pour un vol aérien classique, l'ingénieure de 33 ans a participé à des vols paraboliques, des programmes de recherche et des simulations en microgravité. Des expériences qu'elle documente régulièrement sur ses réseaux sociaux, où elle parle sans détour du handicap, de technique et d'accessibilité. Son profil attire l'attention de Blue Origin, qui l'intègre à l'équipage du vol NS-37, aux côtés de cinq autres passagers.

Un vol « riche de sens » qui a nécessité peu d'adaptations

Contrairement à certaines idées reçues, ce vol n'a nécessité que peu d'aménagements spécifiques. La capsule est entièrement autonome et l'équipe a simplement prévu un dispositif de transfert pour faciliter l'accès depuis son fauteuil roulant et permettre à Michaela Benthaus de s'installer en toute sécurité. Pendant quelques minutes, elle flotte en apesanteur. À son retour, elle parle d'un moment « très concret, très physique », loin des grandes envolées, mais riche de sens.

L'accessibilité, un défi quotidien sur Terre

Si l'espace semble s'ouvrir à des profils plus divers, Michaela Benthaus rappelle que l'inclusion reste largement inachevée sur Terre. Transports, bâtiments, accès à l'emploi : le contraste est frappant. « Après mon accident, j'ai vraiment pris conscience à quel point notre monde est encore inaccessible pour les personnes en situation de handicap », témoigne-t-elle dans une vidéo diffusée par Blue Origin. « Si nous voulons être une société inclusive, nous devons l'être dans tous les domaines, et pas seulement là où cela nous arrange. »

Pour l'ingénieure, ce vol n'est donc pas une finalité, mais un outil de visibilité. Un moyen de rappeler que les personnes handicapées ont toute leur place dans les secteurs de pointe, y compris l'aérospatial.

Tourisme spatial : avancée inclusive ou privilège contesté ?

Ce vol historique n'échappe toutefois pas aux critiques. Le tourisme spatial suscite de nombreux débats : coût des billets, empreinte carbone, ressources mobilisées pour quelques minutes en microgravité… Pour ses détracteurs, ces missions profitent à une minorité très privilégiée. Blue Origin répond en mettant en avant la recherche, l'innovation et la démocratisation progressive de l'accès à l'espace. La participation de Michaela Benthaus relance la discussion : peut-on défendre une exploration plus inclusive sans ignorer les enjeux environnementaux et sociaux ?

Sur X, Jared Isaacman, nouveau patron de la Nasa, salue l'événement : « Vous venez d'inspirer des millions de personnes. » De son côté, Michaela Benthaus le répète : elle ne veut pas être une exception, elle souhaite ouvrir la voie et permettre à d'autres personnes en situation de handicap d'envisager l'espace comme un horizon possible, et non un mirage.

© X Blue Origin

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Cassandre Rogeret, journaliste Handicap.fr"
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