Au Ghana, des personnes vivant avec une maladie mentale continuent d'être victimes de traitements inhumains, a accusé Human rights watch dans un communiqué publié le 1er décembre 2022. L'ONG appelle les autorités à faire respecter la législation.
60 malades enchaînés ou en cage
Dix ans après l'adoption d'une loi sur la santé mentale, établissant que les personnes atteintes de troubles psychosociaux ne devraient pas faire l'objet d'un traitement inhumain, l'organisation de défense des droits humains affirme que le gouvernement ghanéen ne fait pas assez pour assurer sa mise en œuvre. Les chercheurs ont visité cinq "camps de prière" et centres de guérison traditionnels dans les régions de l'Est et du centre du Ghana, où plus de 50 personnes ont été interrogées. Au cours de ces visites, ils disent avoir trouvé "plus de 60 personnes enchaînées ou en cage, dont des enfants". Shantha Rau Barriga, directrice des droits des personnes handicapées à HRW, dénonce une "forme de torture".
Contactée par l'AFP, la vice-ministre de la santé, Tina Gifty Mensah, a assuré que les autorités "examineront le rapport de Human rights watch et les agences appropriées feront le nécessaire pour remédier à cette situation". "Il est évident que la constitution ghanéenne désapprouve ces actes, le gouvernement et les autres parties prenantes ont fait beaucoup d'efforts en matière d'éducation pour sensibiliser les populations", a tenu à souligner la responsable.
Des conditions "étouffantes"
Au Ghana, où les services psychiatriques sont rares, de nombreux proches de personnes handicapées ou présentant des troubles mentaux se tournent vers ces camps tenus par des communautés religieuses. Dans l'un des centres visités, 22 hommes étaient détenus dans une pièce sombre et étouffante, tous avec des chaînes, ne dépassant pas un demi-mètre, autour de leurs chevilles, selon HRW. "Ils sont obligés d'uriner et de déféquer dans un petit seau que l'on fait passer dans la pièce. Malgré les conditions étouffantes, ils sont autorisés à prendre une douche seulement chaque deux semaines", est-il détaillé dans le communiqué. Lors des visites, de nombreux malades ont appelé les enquêteurs à l'aide, suppliant d'être libérés. "Nous voulons rentrer chez nous et être avec notre famille. Aidez-nous. S'il vous plaît, aidez-nous", a lancé l'un de ces hommes.