Les candidats à l'élection présidentielle ont passé leur « Grand oral handicap » ! Du moins, cinq d'entre eux en personne, que ce soit en présentiel ou en visio : Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière), Anne Hidalgo (Parti socialiste), Yannick Jadot (Europe-écologie-les-verts), Valérie Pécresse (Les Républicains) et Fabien Roussel (Parti communiste français). Emmanuel Macron s'est fait représenter par deux personnes : Virginie Delalande (avocate sourde) et Valérie Oppelt (députée LREM). Les autres n'ont pas répondu présent... Les participants sont venus débattre du volet handicap de leur programme les 3 et 14 mars 2022 sur un même plateau, répondant tour à tour aux questions de personnes en situation de handicap et de leur famille (article en lien ci-dessous). A l'issue de la deuxième session, le Collectif handicaps, qui réunit 51 associations nationales, initiateur du projet, dresse le bilan autour de trois sujets majeurs...
L'accessibilité universelle
« L'accessibilité universelle ne progresse pas suffisamment », déplore-t-il, constatant même des « retours en arrière », notamment concernant l'accès au logement depuis l'entrée en vigueur de la loi Elan. Pour faire graver l'accessibilité universelle dans le marbre, il propose de l'inscrire dans la Constitution. Un principe également soutenu par Fabien Roussel -qui souhaite, par ailleurs, revenir sur la loi Elan-, Anne Hidalgo et Yannick Jadot.
Ce dernier propose également « la création, dès le début du quinquennat, d'une agence de l'accessibilité universelle, qui regroupe toutes les compétences en matière d'enquête, d'alerte, d'injonctions mais aussi de sanctions ».
Quant à Anne Hidalgo, elle annonce vouloir « lancer rapidement une grande conférence nationale sur le sujet avec l'ensemble des acteurs (associations, collectivités locales, acteurs du logement, des transports…), suivie de plans de programmation et d'investissements couvrant l'ensemble des types de handicaps ».
Estimant qu'il n'y a pas eu de « grande ambition politique » sur le sujet depuis la loi handicap de 2005, Valérie Pécresse propose de faire « voter, avec les associations, une grande loi sur le handicap, qui promeuve l'accessibilité universelle ». Objectif : simplifier les procédures, raccourcir les délais, etc.
De leur côté, les représentantes d'Emmanuel Macron soulignent que « l'accessibilité est un enjeu central sur les sujets du bâti, du numérique mais aussi sur l'accès à la formation, l'école, la culture et le sport ». Selon elles, l'organisation des prochains Jeux paralympiques de Paris 2024 constitue un moteur pour progresser sur l'accessibilité.
Les ressources et l'emploi
Dans un second temps, le Collectif handicaps propose de permettre à toutes les personnes en situation de handicap se trouvant dans l'incapacité de travailler, de manière temporaire ou durable, de percevoir un revenu minimum d'existence, au moins égal au seuil de pauvreté et dont le mode de calcul repose sur l'individualisation.
Sans surprise, à l'exception d'Emmanuel Macron, tous les candidats se déclarent en faveur de la déconjugalisation du calcul de l'Allocation aux adultes handicapés (AAH), le mode de calcul actuel constituant une « humiliation » pour Fabien Roussel, une « injustice » pour Anne Hidalgo, une « indignité » pour Valérie Pécresse ou encore « une ignominie » pour Nathalie Arthaud. Certains candidats proposent même une allocation supérieure au montant actuel.
Compensation individuelle et collective
En outre, le Collectif demande notamment la création d'une prestation universelle d'autonomie, permettant de garantir une compensation « intégrale, effective et personnalisée », « sans exclusion d'aucune situation de handicap ».
Dans le cadre des lois de décentralisation qu'elle souhaite faire voter, Valérie Pécresse confiera la politique du handicap aux départements.
Yannick Jadot entend, quant à lui, travailler à l'élaboration de la 5e branche Autonomie avec les associations et admet qu'il va falloir « réévaluer l'investissement » actuellement prévu dans son programme, afin d'intégrer pleinement les besoins des personnes handicapées.
Fabien Roussel promet la mise en place « d'une prestation universelle de l'autonomie, sans barrière d'âge et revalorisée et avec une prise en charge réelle de tous les besoins de compensation ».
Anne Hidalgo estime « nécessaire » la concrétisation d'une branche autonomie pour les personnes âgées et handicapées afin de revaloriser la compensation mais aussi de répondre aux besoins des établissements. « Il faudra également du personnel, de la formation et des moyens supplémentaires », envisage-t-elle.
Enfin, Nathalie Arthaud promet de se « battre » afin que « tous les besoins qui visent à pallier un handicap soient couverts par la collectivité ».
« Cette construction de la 5e branche de la Sécurité sociale constituera sans nul doute un sujet de mobilisation majeur pour nous tout au long du prochain quinquennat », exprime le Collectif handicaps.
23 mars : Handébat 2022
Prochaine étape pour le handicap dans cette campagne le 23 mars de 11h à 13h en direct de Radio France pour Handébat 2022. A l'initiative de quatre associations du champ du handicap, les candidats répondront aux questions des journalistes de Radio France, en partenariat avec Handicap.fr (article en lien ci-dessous).