« Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière) : pas de sous-titrage simultané ni d'interprétation en Langue des signes française (LSF) des meetings. » « Jean Lassalle (Résistons !) : pas de sous-titrage simultané ni d'interprétation LSF. » Même topo pour Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France), Eric Zemmour (Reconquête !)... A un peu plus d'un mois du premier tour de la Présidentielle, le Conseil national consultatif des personnes handicapées publie le premier relevé de son observatoire sur l'accessibilité des campagnes électorales et des scrutins de 2022 (en lien ci-dessous). Concrètement, depuis le 4 février, des volontaires du CNCPH ont eu pour mission « d'observer ce qui a été fait, pas fait ou mal fait, aussi bien en ligne ou dans les médias que sur le terrain mais aussi d'échanger avec les équipes de campagne » des douze candidats qui ont obtenu 400 parrainages et plus à la date du 3 mars -la liste officielle ayant été validée par le Conseil constitutionnel a posteriori, le 7 mars. Le CNCPH a « voté » : « Peut mieux faire ! ». Un constat quelque peu décevant mais pas si surprenant...
Peu d'info relatives à l'accessibilité de leur campagne
« Nous partons de zéro », déclarait Jérémie Boroy, président du CNCPH, le 27 janvier dernier, lors du lancement de l'observatoire (article en lien ci-dessous). Pour ce premier relevé, quatre critères majeurs ont été pris en compte. En tête de liste ? L'affichage sur le site des candidats des informations relatives à l'accessibilité de leur campagne. « Très peu d'entre eux s'y plient », pointe le CNCPH. Seule Anne Hidalgo (Parti socialiste) propose une « charte d'accessibilité » portant sur l'ensemble de sa campagne et indique un contact référent sur l'accessibilité. Seuls Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) et Fabien Roussel (Parti communiste) affichent par ailleurs clairement des informations sur l'accessibilité de leurs meetings. Emmanuel Macron (La République en marche), quant à lui, expose une « déclaration d'accessibilité » avec le niveau de conformité du site au Référentiel général d'amélioration de l'accessibilité (RGAA) et indique comment contacter un interlocuteur en cas de difficulté. Les huit autres ne présentent aucune information à ce sujet.
Accessibilité des meetings : 4 candidats hors course
Deuxième critère ? L'accessibilité des retransmissions simultanées des meetings. Hormis pour Jean-Luc Mélenchon, la taille de l'incrustation de l'interprétation en LSF est trop petite pour être visible et permettre aux personnes déficientes auditives de suivre clairement le discours énoncé. La charte de l'ARCOM (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique, qui remplace le Conseil supérieur de l'audiovisuel ou CSA) sur la qualité de l'usage de la LSF dans les programmes audiovisuels recommande que l'incrustation de l'interprète occupe un tiers de l'image. De même, les interprètes sont souvent « mal cadrés et mal éclairés », pointe l'observatoire. Par ailleurs, quatre candidats, Nathalie Arthaud, Nicolas Dupont-Aignan, Jean Lasalle et Philippe Poutou, n'ont assuré aucun dispositif d'accessibilité pour leurs meetings ou autres communications en direct.
Profession de foi et programme en FALC : nouvelle obligation...
Quant à la diffusion d'une version en Facile à lire et à comprendre (FALC) et en LSF de la profession de foi et du programme... C'est un zéro pointé. En effet, pour l'heure, aucun aspirant à la fonction présidentielle ne répond à ces deux critères. « Toutefois, la campagne officielle n'étant pas encore ouverte, les professions de foi ne sont pas encore forcément disponibles », concède l'observatoire. Lorsque ce sera le cas, tous les candidats devront fournir une version FALC, nouvelle obligation établie par le décret du 31 mars 2021 relatif à la Présidentielle. L'observatoire leur recommande, toutefois, de diffuser « sans tarder » leurs contenus en FALC sur leur site et réseaux sociaux, « en les signalant très clairement », et de ne pas se limiter à la seule profession de foi.
... mais pas en LSF
En revanche, la diffusion de ces documents en LSF ne fait pas l'objet d'une obligation. L'observatoire recommande aux candidats de faire appel aux services de traducteurs qualifiés dont la LSF est la langue principale, « le métier de traducteur de contenus étant complémentaire de celui d'interprète qui consiste, lui, à interpréter des interventions orales en temps réel », précise-t-il. Il salue l'initiative de Jean-Luc Mélenchon de diffuser la traduction en LSF de son programme sur Facebook. Une autre candidate, Anne Hidalgo, annonce, dans sa « charte de l'accessibilité », que sa profession de foi sera accessible en LSF ainsi qu'une vidéo présentant ses mesures. Au 4 mars 2022, aucun autre élément répondant à ce critère n'était visible sur les sites et réseaux des dix autres candidats.
3 mémentos sur l'accessibilité des élections pour s'inspire
Pour les aider à rendre leur campagne plus accessible, le CNCPH s'engage à diffuser un certain nombre de ses ressources dont les trois mémentos sur l'accessibilité du processus électoral. « Le but de cet observatoire n'est pas de piéger les équipes mais de leur donner envie de désigner un interlocuteur qui sera le madame/monsieur Accessibilité de leur campagne », assure Jérémie Boroy. A ce titre, chaque semaine, jusqu'au deuxième tour de la Présidentielle, un nouveau relevé sera diffusé sur le site du CNCPH. Rendez-vous le 11 mars 2022 pour le second volet.