À 27 ans, Louis Gustin, stagiaire au Parlement européen, revient de loin. En février 2015, le jeune homme est touché par un accident vasculaire cérébral (AVC) alors qu'il est attablé à la terrasse d'un café, en Pologne. Aucun signe avant-coureur ne laissait présager une rupture d'anévrisme. « D'un coup, je n'arrivais plus à parler, je voyais tout en vert autour de moi. Mes amis ont demandé à la serveuse d'appeler une ambulance et j'ai été transféré rapidement à l'hôpital, confie-t-il. J'ai été fauché en plein vol. »
Chemin sinueux vers l'emploi ?
L'accident, qui a rendu Louis aphasique, nécessite une longue période de rééducation. « J'ai dû réapprendre à parler. Mon bras droit ne bougeait plus et ma jambe droite ne pouvait plus fonctionner, explique-t-il. Après un an et demi de lutte, j'ai regagné en autonomie ». Titulaire de diplômes en droit et en affaires européennes, il recherche aujourd'hui un emploi. « J'ai retrouvé un stage après l'AVC. Puis un deuxième. J'en suis à mon troisième depuis l'accident… Pourquoi ne pas m'embaucher ? ».
Comme lui, d'autres jeunes sont touchés chaque année par un accident vasculaire cérébral, sans pour autant présenter de facteurs de risque. Pour faire connaître cette réalité, Louis, qui a rejoint l'association France AVC Lorraine, alimente un blog, S'adapter. Il y publie articles, interviews de personnes handicapées, d'avocats, de responsables politiques français ou européens. Et espère convaincre des employeurs de « faire confiance, de donner une chance à des personnes qui restent compétentes ».
Du temps pour la rééducation
Élise Mathy, 27 ans, a également été touchée par un AVC malgré son jeune âge. L'accident survient en février 2017, alors qu'elle court. « Tout a changé radicalement, raconte-t-elle. Juste avant l'accident, mon objectif était de participer à un marathon. Le lendemain, il fallait que j'apprenne à me lever. » Elise et Louis n'ont pas les mêmes séquelles, l'AVC pouvant toucher différentes zones du cerveau. Étudiante interne en médecine, la jeune femme a suspendu son cursus pour se concentrer sur sa rééducation, toujours en cours. « Je poursuivrai jusqu'à ce que j'arrive à marcher normalement ».
Fédérer plus de jeunes
Comme Louis, qui se veut la voix des jeunes touchés par un AVC, Élise déplore un manque de communication sur le sujet, alors que « cela peut arriver à n'importe qui ». Tous deux rencontrent pourtant d'autres personnes de moins de 30 ans dans leur centre de soins. « Les associations existantes regroupent surtout des personnes âgées mais peu de jeunes, regrette Louis. Il faudrait pouvoir se réunir davantage. Heureusement, des groupes émergent sur les réseaux sociaux ». Sur Facebook, le groupe de parole AVC Jeunes survivants réunit près de 300 membres. Il a permis à Louis et Élise de se rencontrer. « C'est une super initiative grâce à laquelle on peut discuter, mais les moyens d'action sont moindres par rapport aux associations », estime Louis.
Pour ces raisons, le jeune homme souhaite monter sa propre association, S'adapter, du même nom que son blog. Et accéder à l'emploi. Peut-être par la voie d'administrations publiques, qui organisent des concours pour personnes handicapées. « Je n'ai presque plus de séquelles. Je ne veux pas me pencher sur le passé, assure-t-il. Je souhaite faire ma vie à présent ».
© Louis Gustin / Élise Mathy / Fotolia