Gabrielle et Martin sont déficients intellectuels. Cela doit-il pour autant les empêcher de s'aimer ? La réalisatrice québécoise Louise Archambault pose la question dans « Gabrielle », un film solaire, comme son héroïne, une jeune femme d'une vingtaine d'années atteinte du syndrome de Williams et Beuren. « J'avais envie de parler du bonheur chez des personnes en marge », explique à l'AFP Louise Archambault, de passage récemment à Paris alors que le film sort le 16 octobre en France et le 23 en Belgique. « Je souhaitais parler du besoin de liberté et d'autonomie des personnes handicapées intellectuelles dont le quotidien est géré par d'autres (familles, encadrement...). Raconter qu'ils ont les mêmes désirs et émotions que tout le monde, qu'ils sont des gens ordinaires. » Comme dans la célèbre chanson de Robert Charlebois, « Ordinaire ». Et le lien n'est pas artificiel car elle est au cœur du film...
Une vraie chorale québécoise
Gabrielle et Martin font partie d'une chorale (elle s'appelle « Muse » et existe vraiment) composée de chanteurs handicapés intellectuels, autistes et trisomiques. Comme c'est le cas avec Gabrielle Marion-Rivard, l'héroïne du film, qui en est atteinte, beaucoup de personnes vivant avec le syndrome de Williams possèdent un grand sens musical. Entre fiction et improvisation, la spontanéité, n'a jamais été bannie. Lorsque les choristes découvrent pour la première fois Robert Charlebois venu répéter avec eux, la caméra tourne sans qu'ils le sachent. Les regards ébahis et les sauts de joie ne sont pas feints. La scène où Martin (Alexandre Landry, acteur professionnel, touchant) et Gabrielle font l'amour pour la première fois a, en revanche, été longuement préparée... une fois obtenu le feu vert de la « vraie » mère de la jeune femme. La scène finale, tournée lors d'un grand festival de musique québécois, vaut son pesant d'émotions.
Le film, primé lors des derniers festivals de Locarno, Namur et Angoulême, a été retenu par le Canada pour concourir à l'Oscar du meilleur film étranger.
« Gabrielle »
Film canadien de Louise Archambault, 1h44
Sortie en France le 16 octobre 2013