Il existe des milliers d'associations dans notre pays, alors pourquoi Ellipse ? Parce que sa démarche est atypique ; elle a en effet fait le choix de proposer des loisirs adaptés et intégrés aux personnes avec un handicap mental ou des troubles psychiques stabilisés. Un dispositif complet et novateur pour favoriser leur inclusion et leur vie sociale. Depuis sa création, Ellipse a organisé 130 manifestations, plus de 30 000 ateliers en institutions spécialisées et propose plus 2 200 heures d'activités par an.
Des activités de loisir en milieu ordinaire
Basée à La-Celle-Saint-Cloud (Yvelines), elle est née en 1998 à l'initiative d'un éducateur sportif (option tennis premier degré) et d'une orthophoniste, avec le soutien de spécialistes de l'économie sociale et solidaire. A l'époque, le constat est flagrant : peu d'associations s'impliquent dans l'accueil des personnes avec un handicap mental. C'est pourtant une demande à la fois des professionnels et des familles. Ellipse voit donc le jour avec l'idée de leur proposer une multitude d'activités sportives ou culturelles via l'intégration dans des clubs "ordinaires".
Quels sont ses objectifs ?
Elle compte trois principaux objectifs. Tout d'abord proposer des activités variées et régulières permettant un accompagnement sur la durée, les construire en lien avec les adhérents et créer un maximum de partenariats autour de ces activités. Ellipse veut être un passage et non une fin en soi. Pour cela, elle doit être la plus pointue et performante afin de convaincre les pouvoirs publics d'investir un minimum dans un secteur non aidé et ainsi permettre l'éclosion de multiples entités similaires. Pour cela, les procédures adoptées doivent pouvoir servir de base à un essaimage sur le territoire national.
Un programme varié
Ellipse propose des activités à l'année, les week-ends et durant les vacances scolaires. Le programme est renouvelé chaque trimestre. Au début de l'été, quatre manifestations ont réuni plus de 350 personnes : tournoi de tennis amical à Marly, tournoi de pétanque, concours d'affiches, journée golf et marche nordique... En semaine, elle organise, au sein d'institutions spécialisées, des ateliers sportifs ou culturels. L'intervenant Ellipse participe trois fois par an aux réunions institutionnelles où il se doit d'être force de proposition auprès des professionnels des établissements accueillants. Parfois, il convainc des éducateurs de venir, à leur tour, rejoindre leurs rangs. Les familles sont, elles aussi, conviées à ces moments de partage, à l'occasion de soirées au restaurant en compagnie des adhérents ou de réunions à thème avec les intervenants.
Une disponibilité non-stop
L'association fonctionne toute l'année, 350 jours sur 365 ; adhérents et familles peuvent appeler même tard le soir, tous les jours de la semaine. Un dispositif parfois contraignant mais qui fait pleinement partie du projet et impose à Ellipse une organisation spécifique. C'est là sa grande force : avoir construit dans le temps un lien de confiance avec ses adhérents, grâce à des repères stables. Pour eux, l'association est une sorte de résidence secondaire, ses piliers restant immuables depuis des années. Le référent de l'association fait preuve d'une totale disponibilité, accordant son écoute avec dévouement. Ellipse fonctionne avec peu de salariés, l'un des adhérents des débuts étant désormais embauché en CDI. Accessoirement, il assure une prestation de DJ avec talent.
Quels financements ?
Côté budget, les adhérents participent aux activités selon leur revenu mais Ellipse tire également ses ressources des prestations et formations qu'elle propose aux institutions. Elle peut aussi compter sur les dons et le soutien de fondations mais regrette d'avoir tant de mal obtenir des subventions publiques auprès des mairies ; il est vrai que l'éclatement géographique (ses adhérents sont présents sur 65 communes !) ne facilite pas les choses. D'autant que les conseils généraux tardent à investir dans un domaine qui, selon eux, ne semble pas primordial pour les personnes en situation de handicap mental : les loisirs ! Heureusement, Ellipse s'appuie sur un vaste réseau de bénévoles, véritable "colonne vertébrale" de ce projet depuis son lancement. Son équipe est composée de 5 permanents (1,2 équivalent temps plein) et d'un volant de 25 intervenants ponctuels (éducateurs, professeurs de sport...).
Une compétence reconnue
L'association est site qualifiant pour les travailleurs sociaux et travaille en partenariat avec les écoles de Buc ressources et l'IRTS (Institut régional du travail social) à Paris. Elle accueille également des élèves dans le cadre de leur formation Staps (Sciences et techniques des activités physiques et sportives). Les membres fondateurs espèrent ainsi sensibiliser le médico-social à ce nouveau secteur et, peut-être, faire naître des vocations. Elle interpelle régulièrement les pouvoirs publics et les députés en charge de la commission handicap. Pour le moment, seules des réponses d'encouragement ont fait écho à ses demandes. Ses talents sont pourtant reconnus puisqu'elle a été, à quatre reprises, lauréate de la Fondation de France ou encore prix spécial du jury du Comité olympique et sportif en 2012 pour ses actions de mixité. Enfin, elle est engagée depuis 2012 dans le collectif AVISE 78-92, un réseau d'associations visant à mutualiser leurs ressources.
Il existe bien des causes à défendre. Patricia Rousseau et Olivier Froment ont choisi la leur, par idéologie. Quelle que soit l'issue de cette aventure, leurs efforts auront contribué à faire avancer les choses dans un domaine en déshérence, même discrètement...