88 % des personnes avec déficience intellectuelle souhaitent travailler en milieu ordinaire*, surfant sur la vague des récentes mesures de refonte de l'emploi menée par France travail (Futur France Travail et handicap: priorité milieu ordinaire!). Or, leur réalité, c'est plutôt le secteur adapté (EA), protégé (Esat) ou l'inactivité.
Le 1er congrès sur ce thème ?
Pour que cet élan ne reste pas vain et changer définitivement la donne, on fait quoi ? On interpelle les patrons, RH et référents handicap, pour les inviter à « échanger sur la déficience intellectuelle ». Ça se passe le 19 juin 2024, de 9h à 17h, au siège du Medef (Mouvement des entreprises de France), à Paris, pour un congrès professionnel dédié. Une « première », selon Trisomie 21 France, à l'initiative de cette rencontre qui concerne « tous les handicaps intellectuels » et donnera largement la parole aux personnes concernées.
En faire un réflexe managérial ?
Objectif ? Sensibiliser les professionnels de tous secteurs d'activité aux problématiques d'employabilité de ce public et leur donner les clés pour « embaucher et maintenir en poste ». Au programme : conférences, ateliers pratiques, tables rondes et témoignages. Parce que cet enjeu est loin d'être un réflexe managérial, l'association « lance un appel aux entreprises pour venir assister à l'événement ».
Pourquoi cette démarche ?
On a posé 5 questions à Trisomie 21 France…
Handicap.fr : Le Medef se contente-t-il de prêter la salle ou est-il réellement partenaire de cet événement ?
T21F : Déjà engagé sur les enjeux d'inclusion notamment à travers l'organisation de la Semaine de l'entreprise responsable et inclusive (SERI), il en est pleinement partie prenante, nous épaule sur la programmation et assure le relais auprès de ses membres. Ils se sont engagés car le milieu ordinaire accessible à tous est une valeur que nous avons en commun, et c'est un sujet peu traité à cette date. Un « traiteur inclusif » sera même au menu.
H.fr : Les personnes en situation de handicap sont-elles au cœur de cette journée ? On reproche souvent à ce type d'évènement de parler d'elles sans elles…
T21F : C'est justement toute la particularité de ce congrès, il est porté par les personnes concernées. Elles faisaient partie intégrante des groupes de travail qui ont défini la programmation. Le jour J, elles seront impliquées en tant que bénévoles, animatrices d'ateliers ou témoins en plénière.
H.fr : Comment faire en sorte de mobiliser les chefs d'entreprises non-initiés à ces questions ?
T21F : Le projet a été présenté en amont aux adhérents du Medef qui font partie des groupes de travail RSE pour qu'ils puissent en être informés et sensibiliser leurs pairs. De notre côté, nous avons un réseau de partenaires fort qui mobilise les entreprises non-initiées à ces questions.
H.fr : Quels sont les freins majeurs et les a priori qui freinent l'emploi de ce public en milieu ordinaire ?
T21F : Selon un sondage mené auprès d'une cinquantaine d'entreprises, les deux principaux obstacles sont une méconnaissance de la déficience intellectuelle et un besoin d'accompagnement des équipes (pour 60 % des répondants). Les personnes concernées subissent souvent des préjugés avant même d'avoir l'occasion de prouver leurs capacités.
H.fr : Le réseau Gesat (qui rassemble les Esat et EA) n'est pas partenaire, pour quelle raison ? La crainte de voir « partir » les meilleurs éléments vers le milieu ordinaire ?
T21F : En effet, nous n'avons pas sollicité le réseau Gesat car, notre cible, ce sont les entreprises. Cependant, dans notre pôle expert sur lequel seront présentes des structures aidant les entreprises du milieu ordinaire à recruter et accompagner des personnes avec déficience intellectuelle, nous aurons très certainement des représentants des EA et des Esat qui accompagnent ces travailleurs handicapés.
Inscription gratuite et obligatoire, c'est par ici.
* étude menée par la fédération Trisomie 21 France
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