Handicap : des méthodes pour lutter contre le stress

Et si l'improvisation théâtrale permettait de limiter les effets du stress ? Engagée en faveur d'une société inclusive, l'université Sciences Po a mené deux ateliers "originaux" de gestion du stress auprès de personnes en situation de handicap.

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Si l'on prétend que le stress est bénéfique et moteur, il peut également avoir des incidences néfastes sur l'organisme et la vie quotidienne lorsqu'il est omniprésent, voire paralysant. La vie professionnelle est impactée, notamment pour les personnes en situation de handicap qui peinent à trouver un emploi et peuvent redouter les entretiens d'embauche. Comment mettre à profit l'intégralité de leurs capacités ? Comment prévenir le stress et atténuer son impact ? Engagée pour une société inclusive, Science Po a tenté d'apporter des réponses en organisant deux ateliers de gestion du stress « originaux », réalisés auprès d'un public en reconversion professionnelle suite à un handicap. L'objectif : initier de nouvelles formes de pédagogie pour les apprenants et futurs professionnels dont les profils et exigences peuvent sembler atypiques. Les organisateurs en ont présenté les résultats le 24 avril 2019, lors de la conférence « Innovations pédagogiques et accompagnement vers l'emploi : des leviers pour une société plus inclusive ».

L'improvisation théâtrale : solution anti-stress

« Quand on est stressé, on apprend moins bien. » C'est en partant de ce constat que l'université a mis en place ces expérimentations, afin de « donner à tous les mêmes chances de réussite ». Mathieu Hainselin, psychologue, enseignant-chercheur à l'Université de Picardie Jules Verne à Amiens, a opté pour un angle original : l'improvisation théâtrale. Durant deux jours, deux groupes de quinze participants du Centre lillois de réadaptation professionnelle ont appris les rouages de cette discipline aux multiples bienfaits : apprendre à parler en public, se confronter au regard des autres, faire des rencontres… L'improvisation appliquée permettrait de libérer de nombreuses compétences : leadership, spontanéité, créativité, coopération, écoute, cohésion d'équipe « avec un impact psychologique conséquent, a fortiori pour les personnes en situation de handicap », explique Mathieu Hainselin. Pour les mettre en confiance, le psychologue met l'accent sur des exercices qui « favorisaient la bienveillance mais aussi la réactivité ».

Bien-être en hausse !

Dans cet atelier, « l'accent est mis sur la connaissance interpersonnelle et la mise en confiance des participants, afin qu'ils s'autorisent à lâcher prise, à surmonter la peur du ridicule tout en gardant une crédibilité professionnelle, détaille Sciences Po. Les participants sont invités à sortir du cadre, à s'exprimer différemment tout en cherchant à développer leur attention et leur écoute des autres. » Cette expérimentation vise à améliorer le bien-être des personnes en situation de handicap, à les rendre plus flexibles et à les aider à  s'adapter à différentes situations inattendues ou en dehors de leur zone de confort. En parallèle, plusieurs tests ont été effectués avant et après cette intervention pour en mesurer l'impact. Chaque participant devait évaluer son niveau d'anxiété, de bien-être, d'estime de soi et sa qualité de vie. Résultat : si pour ce dernier facteur, les participants ne notent pas de changement majeur, les autres critères ont évolué favorablement. « L'utilisation de l'improvisation a explosé en France ces dernières années et notamment en entreprise », indique Mathieu Hainselin. Gérer une réunion, intervenir devant des collaborateurs… Qui n'aurait pas besoin d'un coup de pouce pour apprendre à travailler sans stresser ?

La thérapie cognitive comportementale

La seconde expérimentation était menée par Tina Montreuil, professeure à l'université McGill (Canada) et chercheuse en psychologie, auprès d'un groupe du Centre de rééducation professionnelle (CRP) Jean-Pierre Timbaud de Montreuil, durant deux jours également. Son approche : la thérapie cognitive comportementale. Plusieurs thématiques sont ainsi abordées, à commencer par la restructuration cognitive. Cette méthode consiste à identifier les distorsions cognitives et à les confronter à la réalité. Ces dernières ont pour conséquence d'entretenir des pensées et des émotions négatives, via un traitement de l'information erroné. Elles contribuent ainsi aux troubles émotionnels tels que la dépression et l'anxiété ainsi qu'aux troubles de la personnalité. L'objectif de cet atelier est donc de reconnaître les effets du stress (chronique) et son impact sur le fonctionnement de chacun, d'identifier les facteurs individuels de stress, de discerner des sensations physiques en lien avec l'anxiété, de déterminer des stratégies de relaxation comme la relaxation musculaire progressive, de développer des stratégies cognitives individualisées de gestion du stress et de tester les connaissances apprises par le jeu de rôle.

Cerveau malléable

Tout comme pour le premier atelier, les participants ont constaté une nette amélioration de leur état émotionnel et une baisse significative de l'anxiété. « Plus je m'outille face à l'adversité, mieux je réagis et peux la gérer », explique Tina Montreuil. La chercheuse estime que le cerveau est « malléable » et qu'il est possible de « le rendre plus résilient, plus fort ». L'intérêt : agir en prévention pour limiter « les effets réactionnels ». La chercheuse prône la régulation émotionnelle pour « se protéger face à d'éventuels risques de santé mentale ou psychique ». « Nous risquons tous de vivre des évènements stressants mais certaines compétences acquises permettent de limiter leurs effets négatifs sur le bien-être psychique et global », conclut-elle.

© Stocklib / bowie15

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Cassandre Rogeret, journaliste Handicap.fr"
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