Twitter avait décidé en juillet 2019 de filtrer les propos haineux liés à la religion. "Aujourd'hui, nous étendons cette règle aux propos qui déshumanisent sur la base de l'âge, du handicap ou de la maladie", a indiqué le réseau social le 5 mars 2020 dans un communiqué.
Des risques de violence dans la vraie vie
La plateforme fournit des exemples de tweets que leurs auteurs devront retirer s'ils lui sont signalés : "Tous les (gens de tel âge) sont des sangsues et ne méritent pas notre soutien" ou encore "Les gens qui ont (telle maladie) sont des rats qui contaminent tout le monde autour d'eux". Ce dernier exemple résonne avec la crise actuelle du nouveau coronavirus, qui force les plateformes à réagir face aux contenus haineux ou mensongers, des messages racistes aux faux produits miracles, en passant par les théories du complot. "Notre souci principal est de nous attaquer au risque de violences dans la vie réelle, et les recherches montrent que les propos déshumanisants augmentent ce risque", détaille Twitter dans son communiqué, sans faire référence au virus.
Accusé de ne pas en faire assez
Le réseau des gazouillis pas toujours tendres est engagé dans un mouvement plus large de lutte contre les propos haineux sur sa plateforme. Il applique déjà des règles claires concernant tous les tweets appelant spécifiquement à la violence contre un individu ou une communauté, glorifiant le terrorisme ou harcelant une personne en particulier. Mais comme les autres réseaux sociaux, Twitter est régulièrement accusé de ne pas en faire assez pour lutter contre les discours de haine. Le groupe tente, difficilement, de concilier cet objectif avec la préservation de la liberté d'expression.
Une loi française anti-haine
Parce qu'internet est « le premier lieu d'expression de la haine aujourd'hui », selon la députée LREM de Paris Laetitia Avia, elle a fait une proposition de loi. Entendant responsabiliser réseaux sociaux, elle propose, notamment, la mise en place d'un dispositif unique de signalement (« bouton unique »), commun à toutes les plateformes. Sa mesure phare, sur le modèle d'une loi allemande de 2018 : les plateformes et moteurs de recherche devront retirer sous 24 heures les contenus « manifestement » illicites en raison de la référence notamment à la race, la religion, le sexe ou le handicap. A la clé, en cas de refus, une amende jusqu'à 1,25 million d'euros pour les plateformes. Elle a été votée le 9 juillet 2019 par l'Assemblée. « Ni libertaire ni liberticide », Cédric O, secrétaire d'État chargé du Numérique, avait promis un groupe de travail associant plateformes, société civile et magistrats pour « donner des indications » sur le tri des contenus litigieux.