Lutte contre la haine en ligne : le handicap est ciblé !

Des propos insultants parce qu'ils sont handicapés, certains internautes en ont fait les frais. La proposition de loi en discussion à l'Assemblée contre la haine en ligne pourrait-elle changer la donne, notamment en matière d'handiphobie ?

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« Suicide-toi stp ». « Faut te gazer ». « Putin mais c'est qui le mongol qui fait que d'immité bob ». « Fait un compte paypal et demande un don pour améliorer ton handicape ». « Il est défonce au crack le mec ? » (ndlr : les fautes sont d'origine). Donwar, un jeune Youtuber IMC (infirme moteur cérébral), a décidé de compiler les messages d'insultes laissés sur le Net sous ses jeux vidéo (article en lien ci-dessous). Sous couvert d'anonymat, les commentaires sur son handicap sont stupides et blessants. Quant à la Youtubeuse Florence Porcel, pointée du doigt à cause de son physique, elle décide de publier en 2016 une vidéo où elle révèle avoir été atteinte d'une tumeur au cerveau (article en lien ci-dessous). Son coup de gueule fait le tour de la Toile et atteint 70 000 vues en quatre jours. Deux exemples pour illustrer l'handiphobie ordinaire sur le Net…

Retrait des contenus illicites

La proposition de loi LREM discutée le 3 juillet 2019 à l'Assemblée nationale pourrait-elle changer la donne en s'attaquant à l'impunité de la haine en ligne ? Entendant responsabiliser réseaux sociaux, elle propose, notamment,  la mise en place d'un dispositif unique de signalement (« bouton unique »), commun à toutes les plateformes. Sa mesure phare, sur le modèle d'une loi allemande de 2018 : les plateformes et moteurs de recherche devront retirer sous 24 heures les contenus « manifestement » illicites en raison de la référence notamment à la race, la religion, le sexe ou le handicap. A la clé, en cas de refus, une amende jusqu'à 1,25 million d'euros pour les plateformes. Enfin, prévoit le texte, le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) veillera au respect du devoir de coopération des opérateurs et pourra, en cas de manquement persistant, prononcer une sanction allant jusqu'à 4% du chiffre d'affaires annuel mondial. Prenant les devants, Facebook vient de s'engager à communiquer à la justice française les adresses IP des internautes aux propos haineux.

1er lieu d'expression de la haine

Internet est « le premier lieu d'expression de la haine aujourd'hui », selon l'auteure de cette proposition de loi, la députée de Paris Laetitia Avia. Or « l'impunité règne » après menaces de mort, injures, propos racistes, antisémites, homophobes, handiphobes... « Peu de plaintes sont déposées, peu d'enquêtes aboutissent, peu de condamnation sont prononcées », constate cette avocate, elle-même déjà victime d'un « torrent de haine » pour « le seul fait d'être noire ». Néanmoins, en 2013, deux internautes qui avaient posté des propos diffamatoires sur la page Facebook d'un jeune garçon handicapé avaient été condamnés par le Tribunal de Paris à une peine de 300 euros d'amende avec sursis pour la jeune femme et de 40 heures de travaux d'intérêt général pour le jeune homme âgé de 19 ans.

Danger pour la liberté d'expression ?

« On pose des briques pour une régulation, mais ça prendra du temps », avertit déjà le secrétaire d'Etat au Numérique Cédric O, soulignant dans une interview au journal 20 Minutes « qu'aucun pays dans le monde n'a encore résolu le problème ». Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat au handicap, avait exprimé en mars 2019 son souhait « d'aller plus loin » contre les insultes « blessantes » à l'égard des personnes atteintes d'un handicap mental comme la trisomie, appelant à « stopper cette discrimination », et pas seulement sur les réseaux sociaux. Mais l'opposition redoute de « confondre opinion et délit » tandis que Les Insoumis jugent le dispositif « dangereux pour la liberté d'expression ». En première lecture jusqu'à jeudi soir, la proposition de loi sera mise au vote le 9 juillet.

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr.Toutes les informations reproduites sur cette page sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par Handicap.fr. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, sans accord. Cet article a été rédigé par Emmanuelle Dal'Secco, journaliste Handicap.fr"
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