Accessibilité en voyage : le meilleur et le pire en Europe

Avec près de vingt villes visitées en France et en Europe, les globe-trotteurs Rudy, qui est en fauteuil roulant, et Julien, son frère, sont devenus des experts en matière d'accessibilité. Quels sont les exemples à suivre... et à ne pas suivre?

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Barcelone, Lisbonne, Bruxelles, Venise… Rudy et Julien ont déjà réalisé près d'une vingtaine de voyages en France et en Europe. Des séjours un peu particuliers car ces deux frères mordus d'évasion (article ci-dessous) doivent s'adapter au handicap de Rudy. Atteint d'une forme rare de myopathie, le jeune homme de 25 ans vit en fauteuil roulant. Mais cela n'empêche pas ce duo d'accumuler les expériences touristiques dont ils font le compte-rendu sur leur site internet, Handilol (en lien ci-dessous), photos et vidéos à l'appui.

Handicap.fr les a croisés à Lyon où ils animaient un atelier, « D'ailleurs, il y a des exemples », lors des 3e Etats régionaux de l'inclusion organisés par l'Association des paralysés de France (APF) le 22 septembre 2015. Une conférence durant laquelle ils ont fait part des bonnes surprises rencontrées pendant leurs séjours… mais aussi des mauvaises. Nous leur avons donc proposés un petit jeu, celui de reconstituer, par thèmes, les voyages parfait et cauchemardesque en termes d'accessibilité pour une personne à mobilité réduite. Le train italien, le taxi lisbonnais, les rues barcelonaises… Julien passe au crible ces expériences européennes avant de – et c'est leur rêve – fouler, un jour, le sol américain.

Le train

Le meilleur : l'Italie. « Il existe un service d'assistance qui fait que nous pouvons prendre nos billets au guichet et partir un peu au dernier moment. Sur les grandes lignes, un espace conséquent est réservé pour les fauteuils roulants. J'aimerais cependant mettre un bon point au train bruxellois qui s'est armé d'une rampe d'accès pliable à roulettes, ce qui peut permettre à l'assistance de gagner du temps. »

Le pire : la France. « Aucun droit à l'imprévu puisqu'il faut contacter la gare 48 heures à l'avance, des élévateurs archaïques pour monter dans le train, des toilettes inaccessibles – notamment dans l'Eurostar et le Thalys –, un manque de place pour s'installer… Les nouveaux TGV sont un peu mieux mais ce n'est pas encore ça. »

L'avion

Le meilleur : Lisbonne (Portugal). « On a énormément apprécié le système de ceinture en croix dans l'ambulift (une navette monte-charge permettant l'accès dans l'avion, ndlr) qui rassure. Cependant, nous n'avons encore jamais vu de ceinture pour les jambes. Sinon, nous avons toujours pu utiliser un ambulift en voyage à l'étranger. »

Le pire : la formation des agents. « Une fois, alors que nous avions réservé et que tout était en ordre, on nous a dit que nous ne pouvions pas embarquer à cause de la taille du fauteuil. Nous avons donc dû annuler les billets et changer de compagnie aérienne. Les nouveaux horaires de vol étant très matinaux, cela nous a obligés à prendre une nuit d'hôtel à l'aéroport, augmentant ainsi nos dépenses. Plus généralement, c'est le manque de formation des agents qui m'exaspère. Ce n'est pas contre eux directement, mais ce n'est pas normal qu'ils soient si peu sensibilisés. Quand je vois qu'il m'a suffi de deux heures avec un kiné pour apprendre à bien transférer mon frère et qu'eux n'en sont presque pas capables à deux. »

L'hébergement

Le meilleur : Bologne (Italie). « Un rapport prix/accessibilité parfait. Pour 80 euros la nuit, nous avons eu droit à une grande chambre et, surtout, à une salle de bain très convenable : une pièce vaste, un siège de douche sur lequel Rudy pouvait s'asseoir et de la place dans la douche. Concernant le siège, il existe une astuce dont les hôtels devraient s'inspirer : qu'il soit amovible et non fixé au mur. »

Le pire : Amsterdam (Pays-Bas). « Pour ce voyage, nous avions décidé de tester Airbnb (site de location immobilière entre particuliers, ndlr). L'annonce disait que le logement était accessible, nous avions envoyé les mesures du fauteuil… Sauf que, sur place, il était impossible à Rudy de rentrer dans la salle de bain ! Le lavabo barrait totalement le passage. On a donc été obligé d'utiliser les toilettes publiques pendant notre séjour. Notre conseil, c'est d'envoyer une liste de questions (mesure des pièces, marches à l'entrée…) et de demander des photos de la salle de bain avant de réserver. »

Les transports en commun

Le meilleur : Barcelone (Espagne). « La montée dans le bus se fait facilement à l'aide d'une palette située sous le véhicule. Une fois à l'intérieur, surprise : deux emplacements pour PMR avec ceintures ! Nous n'avions encore jamais vu ça. Le métro n'est pas accessible de partout mais la grande majorité des quais sont rehaussés pour qu'ils soient à la même hauteur que l'appareil. »

Le pire : Bruxelles (Belgique). « Très peu de bus sont accessibles, ceci même quand ils sont munis d'une rampe amovible (cette dernière est très souvent hors service!). Le moitié des stations de métro environ ont un ascenseur mais il y a une lacune importante entre le quai et la rame, même chose pour les tramways. Résultat: nous avons boudé les transports et nous sommes déplacés à pieds et en fauteuil dans le centre. »

Le taxi

Le meilleur : Lisbonne (Portugal). « Le rapport/qualité prix est imbattable même s'il est vrai que la vie est moins chère au Portugal. Nous avons utilisé une compagnie adaptée dont un des chauffeurs nous avait laissé son numéro. On a donc régulièrement fait appel à lui. »

Le pire : Paris. « Si la prestation est très satisfaisante et complète (180 véhicules au total, ndlr), nous avons vécu une mauvaise expérience lorsque nous avons voulu relier Montmartre depuis la gare de Lyon. Nous avions donné rendez-vous au taxi à 9h30 mais il attendait depuis 9h et nous a fait payer 28 euros de temps d'approche ! Ce n'est pas admissible. »

La voirie

Le meilleur : Barcelone (Espagne). « C'est une ville qui, on le sent, a été sensibilisée au handicap. Tous les trottoirs sont abaissés, les allées au bord des plages sont goudronnées… Il est très facile d'y circuler. »

Le pire : Bruxelles (Belgique). « Que de difficultés pour se déplacer à pied ! Ce n'est pas digne d'une capitale européenne. Les trottoirs ne sont que très rarement abaissés, notamment près du Parlement européen. Un comble ! On a parfois dû rouler sur la route ou les pistes cyclables, ce que je ne conseille pas malgré tout. A Rome et à Florence, c'était aussi très compliqué mais elles sont considérées comme des villes-musées ; le problème est donc différent. »

Les loisirs

Le meilleur : l'Italie. « Le Colisée qui est accessible via un ascenseur, l'ancien théâtre de Fiesole qui s'est doté de quatre monte-charges… L'âge des monuments n'est finalement pas toujours une excuse ; ces exemples le prouvent. De plus, j'ai trouvé une initiative très intéressante au Palazzo Vecchio (Florence) où un ordinateur était disponible pour que les PMR puissent visionner des images des parties non accessibles du palais. Une idée dont beaucoup devrait s'inspirer ! (qui existe aussi en France, ndlr) »

Le pire : Disneyland Paris. « Nous n'avons pas pu faire de nombreuses attractions faute d'accessibilité. Surtout, celles qui sont adaptées demandent souvent que la personne soit capable de se transférer elle-même. Autant dire que, sans accompagnateur, il lui est difficile de s'amuser. Nous leur avons d'ailleurs envoyé un courrier de réclamation afin de faire part de nos remarques. »

© Handilol

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Kevin Murgue, journaliste stagiaire Handicap.fr"
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