Claudine-5. Ce nom « inoffensif » est pourtant celui d'un gène particulièrement nuisible... ou plus précisément de la protéine qu'il abrite. Le CLDN5 a récemment été identifié par des scientifiques français et irlandais* comme étant responsable d'hémiplégie alternante de l'enfant (HAE) dans deux cas en France qui n'ont aucun lien de parenté. C'est le deuxième gène mis en cause. Les résultats de ces travaux ont été publiés le 17 juin 2022 dans la revue scientifique internationale Brain (en lien ci-dessous, en anglais).
Les facteurs déclenchants
Cette maladie neuro-développementale très rare (moins d'un enfant sur 100 000), qui atteint généralement les bébés de moins de 18 mois, se caractérise par une hémiplégie périodique, un retard persistant du développement et un déficit cognitif. Le signe précoce majeur ? Des épisodes répétés de paralysie de quelques minutes à plusieurs jours, touchant un côté du corps puis l'autre ou parfois les deux à la fois. Plusieurs facteurs peuvent déclencher les épisodes aigus : stress, exposition à l'eau, activités physiques, variations lumineuses mais aussi certains aliments. Incurable, la HAE ne bénéficie d'aucun traitement spécifique. La prise en charge des patients est symptomatique et pluridisciplinaire, associant des mesures prophylactiques -qui préviennent la maladie, par exemple éviter l'exposition aux éléments déclenchants-, le traitement aigu des crises et un accompagnement éducatif.
La barrière tombe...
« La protéine produite par le gène CLDN5 est essentielle au maintien de l'intégrité de la barrière hémato-encéphalique, qui isole et protège le cerveau du reste de l'organisme, expliquent les scientifiques. De manière inexpliquée, sa forme mutée transforme la barrière en un canal. » Concrètement, chez les personnes atteintes de HAE, l'élément qui sert à isoler notre matière grise pour l'empêcher d'être agressé par des fonctionnements extérieurs est hors service. Résultat : le cerveau sur-réagit à des stimuli du quotidien. Cette découverte semble essentielle pour comprendre le fonctionnement de cette pathologie et, in fine, améliorer sa prise en charge. « Comme c'est la première fois que la transformation de cette barrière humaine est mise en évidence, il pourrait y avoir des voies d'administration de médicaments qui n'ont jamais été explorées », se réjouissent les auteurs de l'étude. Ces résultats serviront de base aux prochaines étapes du projet... Qui promet d'être g(è)nial ?
* du Trinity college de Dublin, de l'Inserm, de l'Université Paris Cité et de l'AP-HP au sein de l'Institut Imagine à l'hôpital Necker (Paris)