Les femmes infectées par le virus de l'herpès génital pendant leur grossesse courent deux fois plus de risques de donner naissance à un enfant autiste, suggère une étude publiée le 22 février 2017. "Nous pensons que la réponse immunitaire de la mère au virus HSV-2 de l'herpès pourrait affecter le développement du système nerveux central du foetus, accroissant le risque d'autisme", explique Milada Mahic, scientifique du Centre des infections et de l'immunité à l'Université Columbia à New York, principale auteure de cette étude publiée dans la revue mSphere (en lien ci-dessous, en anglais).
1 Américaine sur 5 porteuse du virus HSV-2
Les chercheurs ne pensent pas que le risque soit directement lié à l'infection du foetus car celle-ci lui serait probablement fatale. Ils avancent plutôt une réaction de l'organisme de la mère ou une réactivation de l'infection par l'herpès, accompagnée d'une inflammation à proximité de l'utérus. Environ une Américaine sur cinq est porteuse du virus HSV-2 responsable de l'herpès génital, qui est très contagieux et se transmet sexuellement. Après un flambée infectieuse initiale, le virus subsiste latent dans les cellules nerveuses. Des poussées se produisent de temps à autres mais leur fréquence diminue à mesure que l'organisme développe une immunité.
Près de 900 échantillons sanguins étudiés
Pour ces travaux les scientifiques ont étudié les liens éventuels entre cinq agents pathogènes connus collectivement comme les "Torch" et le trouble du spectre autistique. Les "Torch" sont le parasite Toxoplasma gondii, la rubéole, les virus de l'herpès (HVS 1 et 2), et celui du cytomégalovirus, dont une infection pendant la grossesse peut provoquer fausse-couche ou malformations congénitales. Des échantillons sanguins de 412 mères et de leurs enfants diagnostiqués d'autisme ont été étudiés, ainsi que ceux de 463 autres femmes dont les enfants ne souffraient pas de ce syndrome. L'étude de ces deux groupes a été supervisée par l'Institut norvégien de santé publique. Les échantillons de sang ont été prélevés deux fois, vers dix-huit semaines de gestation et à la naissance, pour analyser les niveaux d'anticorps contre chacun de ces cinq agents pathogènes.
La faute aux anticorps ?
Les chercheurs ont constaté une corrélation entre des niveaux élevés d'anticorps aux virus de l'herpès et l'autisme, mais pas avec les autres virus du groupe "Torch". Ces résultats confortent aussi des données épidémiologiques d'études précédentes indiquant que l'activation du système immunitaire maternel entre le début et le milieu de la grossesse est lié, à long terme, à des problèmes de développement et de comportement des enfants. Les effets néfastes des anticorps du virus de l'herpès ont été constatés seulement chez les garçons, qui généralement sont plus affectés par l'autisme.