Un homme a été condamné par le tribunal correctionnel de Paris pour avoir injurié et outragé l'avocat désigné pour le défendre, qu'il avait éconduit car il refusait d'être défendu par un aveugle, a-t-on appris le 2 décembre 2014 auprès de ce dernier.
« Je ne veux pas d'un avocat aveugle »
Comme l'a relaté le site spécialisé Dalloz Actualité, Me Dominique Bréard, alors de permanence, est appelé dans la nuit du 19 au 20 novembre par le commissariat du 1er arrondissement pour assister un gardé à vue, mis en cause pour port d'arme illégal, en l'occurrence deux couteaux, et détention de cannabis. Me Bréard se présente alors comme d'habitude avec sa compagne, également avocate, pour s'entretenir avec le gardé à vue. Le client « tend une main molle » et ne répond pas aux questions d'usage, a raconté l'avocat à l'AFP. Selon son récit, le gardé à vue se met ensuite à vociférer en déclarant notamment « j'en veux pas de votre avocat aveugle ». Estimant qu'il n'y avait « aucune raison de laisser passer », Me Bréard porte plainte.
« Un aveugle, on le jette »
« J'avais deux mois de sursis au-dessus de la tête, quand on voit un aveugle c'est logique, on le jette », « vous vous rendez-compte, un avocat aveugle ? Pourquoi pas un procureur aveugle ? Il manquerait plus que demain le juge soit sourd », a déclaré le gardé à vue aux policiers, selon Me Bréard. Le prévenu a été jugé en comparution immédiate le 21 novembre pour les faits initiaux qui lui valaient d'être en garde à vue, mais également pour injure envers une personne en raison de son handicap et outrage envers une personne chargée d'une mission de service public. Pour la totalité des faits, il a été condamné à trois mois de prison et à verser 1 000 euros de dommages et intérêts à Me Bréard, ainsi qu'un euro à l'Ordre des avocats de Paris, qui s'était constitué partie civile.
Confronté à des discriminations
A la connaissance de Me Bréard, c'est la première fois qu'un client refuse qu'il assure sa défense en raison de sa cécité. « Tous les jours je suis confronté à des comportements discriminatoires », a expliqué l'avocat. L'étonnement « ne me dérange pas », explique Me Bréard, « la plupart du temps ça dure 30 secondes », puis « les clients n'ont plus qu'une envie, c'est de vous parler de leur dossier ». Dominique Bréard a été en 2003 l'un des 12 secrétaires de la conférence, qui représente le jeune barreau. En dehors des prétoires, il s'est illustré avec 150 victoires au jeu télévisé « Tout le monde veut prendre sa place » et est chroniqueur dans le magazine sportif But Saint-Etienne.