Lorsqu'on parle d'accessibilité de la cité aux personnes handicapées, il n'est pas seulement question de l'accessibilité physique des lieux. Pouvoir arpenter le monde virtuel du numérique est aussi une priorité. Or trop peu de sites ont pris en compte cette dimension. C'est d'ailleurs ce qui a motivé la signature d'une convention entre l'APF et le secrétariat d'Etat chargé du numérique en octobre 2014 qui prévoyait des ateliers d'initiation, la collecte et la rénovation d'équipements informatiques et la diffusion des bonnes pratiques (article en lien ci-dessous). Tandis qu'en mars 2015, l'Education nationale lançait un « plan numérique pour l'éducation », généralisé à partir de la rentrée 2016 qui pourrait apporter de nombreux bénéfices aux élèves handicapés.
Un accès pour tous
Mais ce cyber engagement impose d'aller plus loin encore et d'inciter les têtes pensantes du web à une meilleure prise en compte de l'accessibilité dans leur galaxie. Face à cette carence, l'État et plusieurs écoles ont signé, le 23 septembre 2015, une « Charte de l'accessibilité numérique ». Trois ministres étaient présents pour apposer leur paraphe : Thierry Mandon, secrétaire d'État chargé de l'Enseignement supérieur et de la recherche, Ségolène Neuville, secrétaire d'État chargée des Personnes handicapées, et Axelle Lemaire, secrétaire d'État chargée du Numérique. « Le numérique doit pouvoir aider le quotidien des personnes handicapées, a insisté Ségolène Neuville ».Cette charte vise à définir un ensemble de règles techniques qui garantissent à tous l'accès à ces services mais a aussi pour objectif de sensibiliser, dès la phase de formation, les professionnels du web à ces enjeux et techniques. Une dizaine de grandes écoles ont ainsi décidé d'y souscrire, et notamment la Conférence des présidents d'université (CPU), l'Ecole des Gobelins, Sup Internet ou encore l'Ecole européenne des métiers de l'internet.
Un engagement de la Convention de l'ONU
Pour mémoire, l'article 9 de la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées oblige les États membres et l'Union européenne à prendre des mesures appropriées pour assurer aux personnes handicapées l'accès aux systèmes et technologies de l'information et de la communication, notamment, et, en particulier, à l'internet. Or face à la multiplication des environnements, contenus et formats, la nécessité pour les professionnels d'avoir des connaissances et une culture suffisante en matière d'accessibilité numérique n'a jamais été aussi importante. Parallèlement, le nombre de professionnels en capacité de maîtriser les référentiels et technologies liées à l'accessibilité demeure insuffisant pour répondre aux besoins d'information, de formation et de prestations. Cette pénurie de professionnels du web connaissant ces bonnes pratiques d'accessibilité pénalise grandement les personnes en situation de handicap. Au-delà d'une nécessaire formation continue des acteurs pour améliorer l'accessibilité des services existants, une action spécifique s'avère nécessaire en matière de formation initiale pour intégrer les notions d'accessibilité numérique dans les modules d'apprentissage des futurs professionnels du numérique.
A suivre…
Les ministères signataires s'engagent ainsi à nommer un référent national en matière d'accessibilité numérique, chargé de coordonner la mise en œuvre de cette charte, à accompagner les établissements impliqués et à organiser, au moins une fois par an, un évènement réunissant les signataires afin de valoriser les bonnes pratiques dans leur domaine.