« Ce village a été conçu par des athlètes pour des athlètes. » 10 000 sportifs et 4 500 para sportifs prendront leurs quartiers d'été en Seine-Saint-Denis. A quelques semaines des Jeux olympiques et paralympiques, Paris 2024 dévoile les coulisses de la construction du village des athlètes, en avant-première, avant l'arrivée des délégations.
Equité, accessibilité...
« Ce lieu est une création française, le tout premier a été inauguré en 1924 à Paris », révèle son directeur, Laurent Michaud. Un siècle plus tard, il est enrichi de « quelques innovations ». Les valeurs, en revanche, notamment d'équité, restent inchangées : « Tout le monde est logé à la même enseigne, au même endroit, avec les mêmes prestations ». Par ailleurs, il est « 100 % accessible », assure-t-il, et gardera la même configuration pour les Jeux olympiques et paralympiques. Largeur des couloirs, ouvertures des portes, douche et accès au balcon sans ressaut... Les logements ont été pensés pour faciliter les déplacements des personnes en situation de handicap, du moins moteur.
Et écologie !
La dimension écologique est également au cœur du projet. « Ce lieu a d'abord été pensé pour l'héritage avant d'être pensé pour les Jeux », poursuit Laurent Michaud, qui assure avoir utilisé au maximum les infrastructures existantes pour limiter l'empreinte carbone. A l'issue des Jeux, la Solideo (Société de livraison des ouvrages olympiques) aura la charge de transformer les chambres des athlètes en futur appartement. Dès 2025, plus de 6 000 habitants et nouveaux salariés s'y installeront, et notamment ceux du ministère de l'Intérieur.
Un site qui « sert la performance »
S'étalant sur trois communes (Saint-Denis, L'île-Saint-Denis et Saint-Ouen), il jouit d'un emplacement stratégique car 80 % des sites de compétition se situent dans un rayon de dix kilomètres pour les JO et de huit kilomètres pour les JP. « Il dispose également de huit sites d'entraînement pour les sports olympiques et un peu plus pour les paralympiques », souligne Laurent Michaud. L'enjeu ? Un véritable gain de temps pour les athlètes.
« On s'y sent bien »
« Et c'est exactement la vision que nous avions de ce village, qui doit servir la performance mais aussi permettre des moments de détente », déclare Brice Guyart, en charge de la partie « expérience athlètes » chez Paris 2024. Selon lui, ce lieu doit aussi être « chaleureux, élégant, confortable, fédérateur et favoriser les interactions ». Pari réussi ? « Complètement, on s'y sent bien », répond l'escrimeur français qui indique que ce village était à l'ordre du jour de chacune des commissions des athlètes. « Notre voix a été entendue », confirme une autre athlète.
Quelles solutions pour se restaurer ?
Ce village contient trois secteurs principaux : résidentiel (la plus grosse partie, réservée aux athlètes et à leurs accompagnants), logistique, ainsi que le Village Plazza (zone internationale accessible aux journalistes). Mais celui qui est dans toutes les « bouches »... c'est l'espace restauration ! 3 200 places assises, 40 000 repas servis par jour, plus de 1 000 salariés... Une grosse machine ouverte 24h/24 ! Sa promesse ? « Deux fois plus de végétal, deux fois moins de plastique, une alimentation 100 % produite en France. » Outre le bâtiment principal, plusieurs autres points de restauration ainsi que plusieurs « food trucks » seront installés. Un magasin Carrefour propose également, sur une surface de 250 m2, des produits frais. « Il dispose d'une signalétique accessible et de salariés formés à l'accueil des personnes handicapées et notamment à la langue des signes », précise l'enseigne française.
Où se soigner et se divertir ?
Autres espaces essentiels : la polyclinique, qui peut compter sur des dizaines de spécialistes (dentistes, gastroentérologues, kiné...), et le centre de réparation Ottobock pour les athlètes paralympiques, orchestré par 160 techniciens parlant plus de trente langues (Paris 2024 : les insolites de la réparation paralympique !).
Pour se divertir et se retrouver, direction le village club, « un peu plus musclé que les éditions précédentes ». On y retrouve des espaces de convivialité, de détente, de relaxation, des cours de yoga et même un tatoueur -« ça a cartonné sur une édition de Roland Garros ! », sourit Laurent Michaud. Un centre multiconfessionnel représentant les cinq religions est également disponible.
Comment se déplacer ?
Et du côté des transports ? Une gare routière, composée de 55 quais de bus, permet de rejoindre les sites d'entraînement et de compétition, tandis que 150 vélos sont mis à disposition. Les athlètes pourront également se déplacer dans le village grâce à des « véhicules 100 % électriques et inclusifs » à zéro émission, développés par Toyota. La firme japonaise assure avoir effectué un « gros travail sur la partie paralympique avec la volonté de coller au plus près des besoins de chacun », notamment en consultant plusieurs profils d'athlètes.
Des navettes PMR
Autre option ? Des navettes APM (accessible people mover), qui passent toutes les 2 à 4 minutes la journée et 5 à 10 minutes la nuit. « Toutes les unités disposent d'une rampe d'accès pour les personnes en fauteuil roulant et mal marchantes ainsi que des bandes jaunes très visibles pour les personnes déficientes visuelles », assure Toyota. Pour compléter cette offre durant les paralympiques, le constructeur mettra à disposition des véhicules électrique à trois roues, allant de 6 à 8 km/h, qui pourront être partagés via une appli. L'enjeu ? « Fournir des solutions de mobilité innovantes qui permettent aux athlètes de se concentrer uniquement sur leur performance. »
Ce n'est qu'un au revoir...
Enfin, pour faciliter le départ du village des athlètes, les aéroports de Paris déploieront des centaines d'agents qui auront pour mission de les enregistrer directement sur site. En souvenir de cette expérience unique, « ils pourront repartir avec leur couette à l'effigie des Jeux », annonce Laurent Michaud. Ultime défi : la faire rentrer dans la valise.
© Photo de Paris 2024/ Solideo-Illumens-Dominique Perrault/ Ingérop/ Une Fabrique de la Ville/ VITEC/ Agence TER/ UrbanEco/ Jean-Paul Lamoureux