Le Mexicain Juan Pedro Franco détient un triste record. À 33 ans, il est considéré comme l'homme le plus gros au monde. Pas moins de 600 kilos ! Il ne peut plus se lever, plus marcher, est condamné à rester à demeure. Sans atteindre ce type d'excès, l'obésité peut-elle être assimilée à un handicap ? Manifestement oui !
Grave problème de santé public
Selon l'OMS (Organisation mondiale de la santé), en 2014, on dénombre 1,9 milliards d'adultes en surpoids et 600 millions définis comme « obèses » dans le monde ; au moins 2,8 millions en décèdent chaque année, soit 6 850 par jour. Considérée désormais comme un grave problème de santé publique, l'obésité est à l'origine de nombreuses complications qui entraînent une surmortalité et touche les personnes de plus en plus jeunes. Face à cet enjeu, les Journées européennes de l'obésité reviennent les 18 et 19 mai 2018 pour une 9e édition (site en lien ci-dessous). Leur credo : « Osez, mangez, bougez pour votre santé » ; la Journée mondiale de l'obésité est, quant à elle, célébrée le 11 octobre.
Calculer son IMC
D'un point de vue purement médical, l'obésité est définie comme « un excès de poids par augmentation de la masse du tissu adipeux ». L'OMS a défini des catégories (classification datant de 1997) en fonction de l'Indice de masse corporelle (IMC) calculé selon la formule suivante : IMC = Poids en kg divisé par Taille² (taille x taille) en mètre. Par exemple, pour une personne de 70 kilos et 1m77, 70 : 1,77 x 1,77 = IMC de 22.36. En dessous de 18.5, la personne est considérée comme « maigre ». De 18,5 à 24,9, son poids est « normal ». De 25 à 29,9, elle est en « surpoids ». Lorsque cet IMC est supérieur à 30, elle est en situation d'obésité ; elle est « modérée » de 30 à 34,9, « sévère » de 35 à 39,9 et « massive » au-dessus de 40.
Handicap ou pas ?
En décembre 2014, la Cour de justice de l'Union européenne tranche : l'obésité sévère peut être considérée comme un « handicap » si elle rend difficile la vie professionnelle de celui qui en souffre, et donc être invoquée dans des affaires de discrimination (article en lien ci-dessous). « Seule l'obésité morbide, la plus extrême, qui présente un IMC supérieur à 40, pourrait créer des limitations équivalente à un handicap », précisait-elle à l'époque. En 2017, la Fédération mondiale de l'obésité (World obesity) confirme son soutien à la définition de l'obésité, cette fois-ci comme « maladie chronique » récidivante.
Discrimination manifeste
Les personnes obèses sont plus susceptibles de souffrir d'un certain nombre de maladies graves qui, pour la plupart, limitent leur espérance de vie. Elle a des conséquences physiques mais également psychologiques et sociétales considérables. La personne doit faire face à une stigmatisation croissante. « Ce sont souvent des stigmatisations inconscientes, qui relèvent des aprioris collectifs et qui incitent à une désocialisation de plus en plus importante et de plus en plus tôt, explique le Collectif national des associations d'obèses (CNAO) sur son site. L'inconscient collectif présuppose que la personne obèse est moins intelligente, manque de volonté, est incapable de se contrôler. » Il s'avère qu'elles sont moins bien acceptées dans les écoles prestigieuses et ont des difficultés à accéder aux postes à responsabilité. A fortiori s'il s'agit d'une femme ! Une étude canadienne a montré la relation entre obésité et niveau élevé de stress au travail du fait de plus fortes tensions et contraintes. Dans ce contexte, en décembre 2017, la Ville de Paris lance une campagne d'information aux Parisiens, s'attaquant à la « grossophobie », cette discrimination des gros dans l'emploi, la santé ou plus simplement face au regard des autres.
Nomades des soins
Le corps médical qui, pourrait-on le supposer, devrait être plus enclin à l'empathie envers ceux qui en souffrent, ne semble pas en reste. « Il tient les personnes obèses pour seules responsables des échecs thérapeutiques, poursuit le site. Des commentaires inappropriés, des jugements à l'emporte-pièce. » Cette attitude n'est pas sans conséquence pour la personne obèse qui rechigne parfois à demander une prise en charge médicale. Elle se retrouve alors « nomade » du système de soins.
S'attaquer à la grossophobie
À l'occasion des 9es Journées 2018, le CSA (Conseil supérieur de l'audiovisuel) s'engage pleinement aux côtés du CNAO en encourageant les chaînes et annonceurs à « promouvoir une alimentation et une activité physique favorables à la santé dans les programmes et les publicités », un engagement prévu dans la Charte alimentaire du CSA depuis sa signature en 2009. Au programme les 18 et 19 mai (lien ci-dessous) ? Dans toute la France, des conférences, des ateliers, des projections, des débats, des conseils en nutrition, des parcours d'activités et des recettes. L'implication de dizaines de départements devrait faire le « poids ».