Cannes : palme d'or pour l'histoire d'un handicap ignoré

Le jury du festival de Cannes décerne sa prestigieuse récompense au réalisateur britannique Ken Loach pour son film "Moi, Daniel Blake". Le parcours d'un artisan anglais qui se bat pour faire reconnaître son handicap aux services sociaux.

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Daniel Blake a des problèmes cardiaques. Menuisier sexagénaire, il est contraint de faire appel aux services sociaux pour la première fois de sa vie à cause d'une maladie du cœur. Si les médecins l'estiment inapte à reprendre son travail, les assistants sociaux, d'une rigidité glaciale dans le film, ne voient pas de motifs suffisants pour que l'artisan puisse recevoir une pension d'invalidité. Veuf, forcé de chercher un emploi pour bénéficier du chômage, Daniel se retrouve dans une situation aussi grotesque qu'injuste, sa maladie non reconnue sous le bras.

Chef-d'œuvre social et engagé

À travers cette chronique sociale bouleversante, le réalisateur favori de la Croisette dénonce la violence et l'absurdité du système social anglais. Un message très politique qu'il a souhaité renforcer lors de son discours au festival de Cannes, le 22 mai 2016 : « Nous approchons de périodes de désespoir, dont l'extrême-droite peut profiter. Certains d'entre nous sont assez âgés pour se rappeler de ce que ça a pu donner. Donc nous devons dire qu'autre chose est possible. Un autre monde est possible et nécessaire », a-t-il déclaré après des remerciements.

Selon de nombreux titres de presse et critiques, « Moi, Daniel Blake » est une œuvre puissante, juste sans pour autant tomber dans le piège facile du pathos. Surtout, ce film politique représente les situations d'injustice auxquelles sont confrontées certaines personnes handicapées. Plusieurs scènes sont d'ailleurs inspirées de faits réels dénoncés par Ken Loach. S'il pointe du doigt la politique libérale du système social au Royaume-Uni, le film rappelle également que ces situations ne sont pas inexistantes en France. Certaines personnes souffrant de maladies rares, véritables handicaps invisibles, ont encore du mal à être écoutées par les services publics (lire articles ci-dessous).
Grand homme de cinéma, Ken Loach espère que la vision de son chef-d'œuvre fera dire plus souvent : « Nous ne pouvons pas continuer à traiter les personnes vulnérables de manière délibérément cruelle ».

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Aimée Le Goff, journaliste Handicap.fr"
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