Argentine : le handicap mental réduit à de "l'idiotie"

L'agence argentine du handicap a fait marche arrière après une vague d'indignation face à des termes jugés "violents" et "obsolètes", visant à évaluer les invalidités. Les asso ont notamment dénoncé un vocabulaire qui "renforce les stéréotypes".

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Plusieurs drapeaux de l’Argentine devant un bâtiment en ville.

"Idiot", "imbécile", "débile mental"... En Argentine, l'Agence nationale du handicap (Andis) a été contrainte, le 27 février 2025, à une embarrassante marche arrière après la polémique engendrée par une récente norme visant à évaluer les invalidités, et qui utilisait des termes "violents", selon ses critiques, ou "obsolètes", selon ses propres excuses.

Une classification contestée

Dans le cadre d'un audit et d'une révision des pensions d'invalidité – pour traquer les fraudes – (Argentine : un audit obligatoire des pensions d'invalidité), le gouvernement de l'ultralibéral Javier Milei a publié en janvier un décret fixant les critères pour les différentes invalidités, physiques ou mentales, et leurs degrés. Une annexe au décret délimitait ainsi les groupes à handicap mental – "retardés mentaux" dans le texte –, en fonction du quotient intellectuel : "0-30 (idiot)", suivi d'une description des capacités du sujet (s'exprimer, lire, écrire, subvenir à ses besoins de base, etc.). La liste continuait : "30-50 (imbécile)", puis "50-60 (débile mental profond)", "60-70 (débile mental modéré)", et enfin "70-90 (débile mental léger)".

"Une terminologie qui renforce les stéréotypes"

Plusieurs organisations d'aide aux personnes handicapées et de défense des droits ont vivement réagi et ont posé une réclamation administrative pour que l'Andis supprime la norme. Le collectif a dénoncé "une terminologie très violente", qui "renforce les stéréotypes et discriminations historiques". Il a également critiqué une résolution "viciée dès l'origine, car élaborée sans la participation de personnes handicapées".

Un revirement officiel après la controverse

Dans un communiqué en date du 27 février 2025, l'Andis a annoncé qu'elle "modifiera la résolution 187/2025" incriminée, invoquant "une erreur" liée "à l'usage de concepts appartenant à une terminologie obsolète". Ces termes "historiquement ont été utilisés en médecine psychiatrique pour décrire des degrés profonds de déficit intellectuel, mais ont été abandonnés", ajoute l'Agence, qui assure qu'elle "n'a pas eu la moindre intention discriminatoire" en les publiant par erreur. Elle précise que la correction utilisera des termes "alignés sur les références internationales".

Une vaste campagne de contrôle des pensions

Le gouvernement Milei a lancé début février une campagne de convocation des bénéficiaires de pensions d'invalidité, visant au final un million de personnes, afin d'auditer leur situation médicale et traquer les irrégularités et fraudes supposées. Quelque 300 000 lettres recommandées ont été envoyées dans une première vague, le ministère de la Santé soulignant le caractère "obligatoire" de répondre à la convocation médicale, sous peine de voir la pension révoquée. Celle-ci était en février d'un peu plus de 261 000 pesos (environ 245 dollars), soit à peu près 70% du minimum retraite.

© Uschools de Getty Images Signature

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