Argentine : un audit obligatoire des pensions d'invalidité

En Argentine, le gouvernement a convoqué 1 100 bénéficiaires de la pension d'invalidité, après avoir détecté des irrégularités, espérant économiser 814 millions d'euros. Seuls un tiers s'est présenté. Un collectif dénonce une "violation des droits".

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Plusieurs drapeaux de l’Argentine devant un bâtiment en ville.

Le gouvernement argentin de Javier Milei a lancé une vaste campagne de convocation des bénéficiaires de pensions d'invalidité, visant au final un million de personnes, afin d'auditer leur situation médicale et faire la chasse aux "irrégularités".

Seules 20 % des pensions répondent aux critères

Quelque 300 000 lettres recommandées ont été envoyées dans une première vague, le 13 février 2025, a annoncé le ministère de la Santé, soulignant le caractère "obligatoire de répondre à la convocation" médicale, l'absence sans justification "pouvant entraîner la révocation" de la pension d'invalidité professionnelle. Celle-ci était en février de 260 000 pesos (environ 235 euros), soit à peu près 70 % du minimum retraite. Ce programme, justifie le ministère, trouve sa racine "dans les irrégularités détectées dans le traitement des pensions". Selon le ministère, sur 22 417 pensions auditées en 2024, "seules 20 % répondaient aux critères établis, démontrant l'ampleur du problème".

Seul un tiers des convoqués se sont présentés

Il ajoute qu'il a aussi été détecté lors de ces contrôles "150 personnes décédées et 212 détenus (qui) bénéficiaient d'une pension d'invalidité". Enfin, sur une première pré-campagne de convocations en janvier, seuls 357 personnes se sont présentées sur plus de 1 100 convoquées, affirme le ministère. Dans cette chasse médiatisée aux irrégularités, caractéristique de la campagne de réduction de la dépense publique du gouvernement ultralibéral Milei, le ministère dit escompter économiser 900 milliards de pesos (environ 814 millions d'euros).

Un décret qui "viole les droits des personnes handicapées"

Un collectif pour les droits des personnes en situation de handicap, le Redi, a surtout dénoncé, au-delà des convocations, un danger de "violation des droits des personnes handicapées", à la suite d'un décret de septembre qui tend à redéfinir, et selon lui restreindre, les critères "d'invalidité au travail". Le ministère avait à l'époque dit vouloir "mettre fin à un système qui utilisait les ressources de l'État à des fins de clientélisme politique", portant in fine préjudice aux "plus vulnérables".

"Le handicap n'est pas une problématique individuelle"

Le handicap, plaide le Redi, n'est pas seulement "une problématique individuelle liée à une pathologie, mais naît de l'interaction entre certaines caractéristiques des personnes et les barrières (...) économiques et sociales de leur environnement". L'État doit évaluer ces barrières et pas seulement "l'étiquette médicale" car "chacun peut travailler à condition de recevoir l'appui nécessaire", selon le collectif.

© Uschools de Getty Images Signature

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