Le logement accompagné essaime en France ! Fabien Noel, concentré et très ému dans le salon d'honneur de l'Elysée le 19 mai à l'occasion de la CNH (Conférence nationale du handicap), s'est exprimé sur son quotidien au sein de la maison partagée Simon de Cyrène de Vanves (92). Handicapé des suites d'une lésion cérébrale dans un accident, il y réside depuis 2011 et se réjouit de ce mode de vie communautaire.
Lutter contre l'isolement social
Lorsque Fabien intègre un groupe de réflexion pour personnes handicapées à Vanves, en 2010, il contribue à la mise en place des maisons partagées Simon de Cyrène. Depuis, cinq d'entre elles ont été construites dans la commune. Elles accueillent 70 personnes valides et handicapées. Véritable pionnier du projet, Fabien explique : « Nous avons fait le choix de créer une vie partagée entre résidents, personnes handicapées, et assistants, personnes valides, pour créer un lieu de collectivité mais aussi d'indépendance ». Très investi, il est également responsable d'activités au sein du groupe d'entraide mutuelle Le Cap, à Vanves, qui lutte contre l'isolement social.
Équilibre entre autonomie et collectivité
Dans son studio de 30m2, Fabien dispose d'une kitchenette, d'une salle de bains et d'une chambre. Il sort en toute indépendance, lorsqu'il le souhaite. Ici, chacun bénéficie d'un logement personnel, permettant aux résidents une réelle autonomie. Surtout, la maison partagée apporte un équilibre entre indépendance et vie en collectivité. Dans chaque maison, une pièce commune qui fait office de salon, de salle à manger et de cuisine, rassemble les locataires. « Nous partageons les repas, organisons des fêtes et des sorties. Nous créons des liens amicaux avec les voisins, les commerçants, souligne-t-il. Même si nous sommes limités par le handicap, nous participons à la société ».
Une présence 24h sur 24
Pour aider les résidents dans leurs tâches quotidiennes, des assistants salariés sont présents 24 heures sur 24, accompagnés d'un gestionnaire, responsable des appartements, et de volontaires en service civique. « Ces jeunes gagnent en maturité. Ils apprennent à ne pas avoir peur de la différence et de la difficulté», estime Fabien. Grâce au logement accompagné, il dit avoir reconstruit une « vie pleine de sens, grâce à un mélange de générations et de cultures ». Il envisage aujourd'hui son handicap comme un atout. « Mon handicap me rend plus lent mais me donne plus de temps. Quand je parle, je suis plus lent, mais on m'écoute mieux ».
Cinq maisons à Rungis fin 2016
Alternative à l'institution spécialisée, le modèle de maison partagée se développe à l'échelle nationale. Dix autres villes construisent des maisons Simon de Cyrène, à l'image de Rungis (94), qui organisait une visite de chantier le 12 mai 2016, en présence de Laurent de Cherisey, directeur général de la fondation Simon de Cyrène. En construction, ces cinq maisons accueilleront 59 personnes valides et handicapées fin 2016. Financés en grande partie par les PCH (prestations de compensation du handicap) des résidents, ces logements accompagnés constituent « un moyen de retrouver goût à la vie et de nouer des relations amicales », explique Laurent de Cherisey, mais aussi la possibilité d'intégrer les personnes handicapées en milieu ordinaire au lieu de les orienter systématiquement vers des établissements médico-sociaux. Un dispositif intelligent qui illustre le principe de société inclusive évoqué lors de la CNH par François Hollande, Marisol Touraine (ministre de la Santé) et Ségolène Neuville (en charge des personnes handicapées) le 19 mai 2016 (articles en lien ci-dessous).
Convention avec l'Union sociale pour l'habitat
Pour encourager l'habitat partagé et développer l'offre de logement accompagné, le chef de l'Etat a annoncé, à cette occasion, la création d'une convention avec l'Union sociale pour l'habitat. Celle-ci devrait lancer l'appel à projet « HLM, Partenaires des personnes en situation de handicap ». Le Président de la république a par ailleurs promis la création de 1 500 places supplémentaires par an en pensions de famille /maisons relais spécifiquement dédiées au handicap. Ces mesures pourraient, en partie, répondre aux besoins des personnes handicapées en termes de logement et d'intégration dans une société idéalement de plus en plus inclusive. Elles permettraient de développer l'habitat accessible en ville, encore très limité, comme l'a constaté Emmanuelle Cosse, ministre du Logement et de l'habitat durable « Nous manquons de logements classiques pour les personnes handicapées en ville, a-t-elle déclaré. Pour cette raison, je souhaite relancer une enquête qui puisse recenser ceux dont nous disposons ».
© Fédération Simon de Cyrène