Pouvoir s'offrir une escapade pendant qu'un professionnel s'occupe nuit et jour de son proche malade ou âgé à son domicile : baptisée « baluchonnage », cette expérimentation sur trois ans a été inscrite dans le projet de loi sur le « droit à l'erreur », a annoncé le 5 décembre 2017 Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la santé. « Le baluchonnage va être possible dans la loi sur le droit à l'erreur. Ce sera une grande avancée, c'est très demandé par les familles », a-t-elle déclaré lors d'une audition à l'Assemblée nationale, à l'occasion de l'examen du rapport d'information sur l'application de la loi sur l'adaptation de la société au vieillissement (ASV).
Prestations de suppléance
Inspiré d'une initiative canadienne, le « baluchonnage » permet à un proche aidant de quitter son domicile quelques jours en laissant la personne accompagnée chez elle aux soins d'un tiers en toute confiance. Rebaptisé « relayage » en France, le concept figure dans le projet de loi sur « le droit à l'erreur », présenté fin novembre 2017 par le gouvernement et destiné à simplifier des procédures administratives. Le dispositif, dont l'expérimentation est prévue pour une durée de trois ans, permettra « de recourir à un salarié volontaire pour assurer des prestations de suppléance de l'aidant à domicile, sur une période de plusieurs jours consécutifs », est-il précisé dans le dossier de presse.
Plus de 8 millions d'aidants
En France, 8,3 millions de personnes aident de manière régulière et à domicile un ou plusieurs de leurs proches pour raison de santé ou de handicap. Parmi elles, 4,3 millions de personnes aident un proche de 60 ans ou plus. La loi ASV (adaptation de la société au vieillissement), promulguée en décembre 2015, a notamment instauré un « droit au répit » des aidants, une aide financière de 500 euros par an pour leur permettre de financer un accueil ponctuel de leur proche dépendant.
L'accès au répit compliqué
Dans leur rapport d'information sur l'application de la loi, les députées Agnès Firmin Le Bodo (Les Constructifs) et Charlotte Lecocq (LREM) font état des « difficultés de mise en œuvre » de ce droit au répit. « Il s'avère techniquement peu utilisé et (pâtit) d'un déficit d'information », estiment-elles. Leur rapport, remis mardi à Agnès Buzyn, formule en outre onze propositions pour améliorer l'application de cette loi « de grande ampleur » dont les dispositions peuvent faire l'objet d'une « mise en œuvre disparate et hétérogène » d'un territoire à l'autre.
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