La première d'entre elle a vu le jour en 2011. Une trentaine est en cours en France. On les appelle " Les Maisons de Marianne". Créé par le constructeur immobilier Marianne Développement en 2009, ce label est un concept innovant d'habitat social intergénérationnel répondant à une demande croissante des collectivités et bailleurs sociaux. Offrant bien plus qu'un simple toit, elles constituent des lieux de vie répondant au risque d'isolement des personnes âgées et sont conçues pour accueillir d'autres populations, aussi bien des personnes handicapées que des jeunes couples éligibles au logement social, permettant ainsi de préserver et de promouvoir l'inclusion de tous dans la collectivité. Ces logements, mis en œuvre à la demande des maires ou des bailleurs sociaux, proposent également une offre de services externalisés de surveillance et d'assistance (aide aux petits travaux quotidiens ou activités de loisirs) et sont adaptés à la perte d'autonomie.
A Menucourt, (95), 116 locataires, tous ensemble !
Dans la commune de Menucourt (Val d'Oise), un immeuble de quatre étages accueille depuis février 2014 un peu plus d'une centaine de locataires. A priori rien ne le distingue des autres logements de la commune. Pourtant, cette résidence labellisée « Maisons de Marianne » est habitée par des seniors, des jeunes actifs et des personnes en situation de handicap. Les appartements (du T1 au T3, parfois aussi des petites maisons individuelles) appartiennent tous au parc locatif social et bénéficient ainsi de loyers préférentiels.
Ludivine, 26 ans, en fauteuil roulant
Ludivine, une jeune femme handicapée de 26 ans, témoigne de son quotidien au sein de cette résidence un peu particulière. En 2007, elle développe une maladie orpheline auto-immune qui l'oblige à se déplacer en fauteuil roulant. Après un séjour en centre de rééducation, elle réintègre le domicile familial à Plaisir (78) où son handicap lui fait vivre un véritable calvaire pendant deux ans. Impossible d'accéder à la salle de bain et encore moins à l'extérieur puisque son appartement est situé au deuxième étage sans ascenseur. Un ami lui parle d'une résidence adaptée. "Avec le soutien de son assistante sociale, explique Ludivine, il a pu obtenir un logement dans une des Maisons de Marianne, et m'a proposé d'emménager avec lui ».
Un vrai partage humain
A l'occasion d'une réunion de bienvenue organisée à L'Hautil, à Menucourt, Ludivine découvre ce concept d'habitat social où la mixité générationnelle et la solidarité sont de mise. « Ici, les appartements sont adaptés à mon handicap et l'aspect humain est très important. On vit en solidarité, tout le monde se dit bonjour, et un véritable lien se crée entre voisins. Ça me permet de ne pas rester enfermée entre quatre murs ». Aménagées en respectant les normes d'accessibilité PMR (personne à mobilité réduite), ces "maisons" disposent toutes d'ascenseurs et de portes automatiques. Les logements sont équipés d'une cuisine ouverte, de veilleuses dans les chambres, de douche à l'italienne et de sols antidérapants.
Un immense soulagement pour son entourage
Ludivine y a emménagé en juillet 2013. Un immense soulagement pour son entourage ! Dans son centre de rééducation, la jeune femme était suivie au quotidien par une infirmière, une aide-soignante ainsi qu'un animateur. Un « cocon douillet » auquel sa famille avait peur qu'elle soit obligée de renoncer. Or la sécurité et l'entraide offertes au sein de la résidence a permis de rassurer ses proches. « Les Maisons de Marianne proposent de nombreux services à moindre coût pour prendre rendez-vous avec une infirmière ou un coiffeur, ou tout ce qui peut aider dans la vie quotidienne. Je ne suis même pas obligée de me déplacer, grâce à la salle multi-professionnelle situé à rez-de-chaussée », se réjouit Ludivine.
Le handicap hors-les-murs
Ce type de démarche s'inscrit dans la volonté d'inclusion en milieu ordinaire des personnes handicapées, que d'autres ont également décidé de prendre à bras-le-corps. En septembre 2013, était inauguré à Paris un « appartement-relais » (lire article en lien ci-dessous) qui accueille des jeunes atteints de troubles psychiques. A Arras (article en lien), ce sont des personnes trisomiques qui, à l'initiative d'un bailleur social local, ont emménagé, en toute autonomie, dans une résidence intergénérationnelle en plein cœur de la ville. Quant à l'Institut de Mai, à Chinon (article en lien), il a pour vocation d'aider les personnes, cette fois-ci avec un handicap moteur lourd, à apprendre à vivre seule dans des appartements adaptés.