Le système scolaire a beau avoir évolué, force est de constater qu'il reste encore des progrès à faire en termes d'accessibilité. Accompagné par des syndicats, l'entourage des jeunes déficients visuels et auditifs monte au créneau et prône une prise en compte immédiate de tous les types de handicap. Pour se faire entendre, ils uniront leur voix lors d'un rassemblement devant le ministère des Solidarités et de la santé, à Paris (7) le 20 décembre 2018 à 17h.
Un système scolaire peu adapté
Pour leur scolarité, les jeunes sourds, malentendants, aveugles ou malvoyants ont deux solutions majeures : intégrer des établissements spécialisés ou « ordinaires ». Or, pour beaucoup, les collèges et les lycées « ordinaires » nécessitent une véritable préparation en amont ou encore des adaptations importantes… Fin 2017, le gouvernement décide de réagir. Sophie Cluzel, secrétaire d'État chargée des personnes handicapées, affirme sa volonté d'avancer vers une école plus inclusive, soulignant qu'elle devrait être capable d'accueillir « tous les élèves ». « Mais les projets d'inclusion précipitée et réalisée sans concertation avec les personnels et les parents (qui connaissent les besoins particuliers de certains jeunes) d'un côté et les contraintes budgétaires qui pèsent sur l'Éducation nationale de l'autre pourraient compliquer le passage des intentions aux actes », déplore l'intersyndicale des Instituts nationaux de jeunes sourds et de jeunes aveugles (CFDT, CFTC, CGT, FO, SNJSJA-UNSA, SUD) et l'association de parents APA-INJ.
Promesses non tenues ?
Ces acteurs attendent depuis plusieurs mois une concertation sur la place des INJ (Instituts nationaux de jeunes) et le rôle qu'ils peuvent jouer dans la construction d'une école inclusive. « Cette concertation a été promise par la tutelle depuis... 2016. Or non seulement elle n'est pas organisée mais, dans les instituts, des transformations irréversibles se mettent en place », alarment-ils. En réaction, ils appellent les personnels et les usagers à ce rassemblement. Les motifs de leur mécontentement : « Les instituts et l'ensemble du dispositif de l'Éducation et de l'Enseignement spécialisés se trouvent depuis deux ans particulièrement exposés à des changements qui ne sont pas suffisamment étayés par une analyse réelle des besoins en matière de scolarisation et d'accompagnement. »
4 grandes attentes
Les attentes de ce collectif résident en quatre points majeurs, à commencer par une véritable concertation avec les représentants des parents des personnels et des usagers sur l'avenir des Instituts de jeunes sourds et de jeunes aveugles. « Il conviendra également d'engager dès que possible un état des lieux et une discussion sur l'ensemble du secteur », ajoutent-il. Il demande également la suspension de toute mesure visant au démantèlement du dispositif actuel et notamment la suppression de dispositifs scolaires, dans l'attente d'une concertation, ainsi que l'arrêt du processus de transfert aux ARS (Agence régionale de santé) « pour permettre un temps de réflexion et envisager d'autres solutions d'évolution de la tutelle des INJ ». Enfin, il espère obtenir des garanties sur le maintien de « l'ensemble de l'offre de scolarisation dans ces instituts (primaire-collège-lycée par niveau de classe), permettant de préserver des parcours de scolarisation cohérents pour garantir une liberté de choix des familles (inscrite dans la loi de 2005) pleinement effective ».
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