Par Laure Brumont, Ella Ide
Une famille syrienne, dont la fille de 7 ans souffre d'une tumeur, est arrivée le 4 février 2016 à Rome, première à avoir profité d'un « corridor humanitaire » vers l'Italie, lui évitant les dangers d'une traversée en Méditerranée où au moins 60 enfants sont morts depuis le début de l'année. Après avoir fui les combats à Homs, où Suleyman tenait un magasin de réparation de télévisions et Yasmine étudiait l'anglais, les Al Hourani sont arrivés il y a deux ans à Tripoli, au Liban, où ils vivaient dans un garage. Falak, pour ne pas perdre son deuxième œil du cancer, « doit subir urgemment une chimiothérapie » dans le principal hôpital pédiatrique de Rome, le Bambino Gesù. Une fois le traitement terminé, la petite fille et sa famille, qui ont déposé dès leur arrivée à l'aéroport une demande d'asile politique en Italie, pourront s'installer et reprendre un cours de vie normal.
Initiative pilote en Europe
A la mi-décembre 2015, des associations et églises chrétiennes en Italie avaient lancé une initiative de corridor humanitaire, la présentant comme « pilote en Europe », à destination des réfugiés « les plus vulnérables » : mères seules, enfants, femmes enceintes, personnes malades ou handicapées. Soutenue par les ministères italiens des Affaires étrangères et de l'Intérieur, chargés de délivrer des visas « pour raison humanitaire », cette initiative doit permettre de faire venir un millier de personnes d'ici un à deux ans dans la péninsule. Deux bureaux, installés à Beyrouth et à Tanger (Maroc), avaient été ouverts peu avant Noël 2015 afin de sélectionner les candidats au voyage, dont l'avion et l'installation sont pris en charge par les associations partenaires.
60 enfants décédés en janvier
Selon ses initiateurs, cette expérimentation est « nécessaire non seulement en Italie mais également en Europe, surtout en ce moment, afin de garantir aux réfugiés de parvenir de façon sûre » en Occident. Si l'expérience est concluante, un troisième bureau sera ouvert dans six mois en Ethiopie. Le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) s'est inquiété que les enfants constituent aujourd'hui plus d'un tiers des migrants passant par la mer de Turquie en Grèce, une proportion en forte hausse. Selon les chiffres de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), 60 des 272 migrants qui ont péri en mer entre la Turquie et la Grèce en janvier étaient des enfants.