17 000 euros pour un vélo de compétition adapté, 4 000 pour une carabine. Respectivement sportifs de haut niveau en paracyclisme et biathlon handisport, Mathieu Bosredon et Benjamin Daviet doivent faire face à des dépenses somptuaires pour briller au plus haut niveau. En sport, comme ailleurs, l'argent est le nerf de la guerre : il faut financer les déplacements en compétition, les voyages, acheter un matériel de pointe.
Trouver des sponsors
Des budgets parfois colossaux que ces champions ne peuvent assumer sur leurs fonds propres. Il faut « faire la manche, explique Benjamin Daviet. Se constituer un solide dossier sponsoring pour aller démarcher les partenaires. Jusqu'à 80 envois, quatre réponses cordiales mais un seul soutien ». Compter le plus souvent sur des mécènes locaux qui, à travers la performance de ces athlètes, participent au rayonnement de la région. Les handisportifs avouent « ramer » un peu plus que les valides. La faute au déficit de médiatisation, même si, depuis les jeux de Londres, puis Rio, les choses bougent...
Entreprises, un rôle majeur
Malakoff Médéric, par la voix de son directeur, Thomas Saunier, est de ceux qui affirment que « les entreprises ont un rôle majeur à jouer en faveur du sport français ». Et le prouve ! Le 1er mars 2017, en présence de Thierry Braillard, secrétaire d'État aux Sports, le groupe de prévoyance dévoilait la composition de son nouveau team handisport. Composé de 10 athlètes au total, il a accueilli 6 nouveaux sportifs en 2017 : le tout jeune Arthur Bauchet (ski alpin) 16 ans seulement, Benjamin Daviet (ski nordique), Mandy François-Elie (athlétisme), Mathieu Bosredon (handbike), Angelina Lanza (athlétisme) et Antoine Bollet (ski nordique). Ils rejoignent Nantenin Keita (athlétisme), Cécile Hernandez (snowboard), Thomas Clarion (ski nordique) et Yohann Taberlet (ski alpin) au sein de l'équipe.
Pacte de performance, c'est quoi ?
Trois de ces nouveaux contrats étaient signés dans le cadre du « Pacte de performance ». Ce dispositif, lancé par le Président de la République en 2014 et porté par le secrétaire d'État aux Sports, favorise la rencontre entre les sportifs de haut niveau et les entreprises, dans la perspective d'un contrat d'image ou de travail aménagé puis d'une intégration au sein de l'entreprise. Il répond ainsi à une problématique méconnue : les difficultés matérielles d'une majorité d'athlètes durant leur carrière puis les obstacles à la reconversion professionnelle lorsqu'elle s'achève. Depuis son lancement, 176 contrats ont ainsi été conclus, dont 34 avec des sportifs en situation de handicap. Ce sont, à ce jour, 80 entreprises engagées et plus des 2/3 des fédérations sportives olympiques concernées.
Jusqu'à 15 000 euros par an
Dans le cadre du partenariat avec Malakoff Médéric, chaque athlète se voit attribuer une enveloppe de 10 à 15 000 euros par an, un peu moins pour les « espoirs ». Le contrat, signé pour 2 ans, est en général pérennisé sur une olympiade. Malakoff Médéric a la particularité d'être le seul sponsor à ne soutenir « que » des athlètes paralympiques. « Le sport est un formidable vecteur d'intégration qui permet de porter un autre regard sur le handicap. Ensemble, nous allons relever de nouveaux défis, sur le terrain mais aussi en dehors, et vivre de belles émotions ! », poursuit Thomas Saunier. C'est ainsi que, depuis 2009, le groupe participe activement à l'accompagnement des sportifs handicapés dans leur double parcours, sportif et professionnel. Il est également partenaire de la Fédération française handisport depuis 2009 et de la Fédération française du sport adapté depuis 2013. À ce jour, le groupe a soutenu 19 athlètes dont 8 médaillés paralympiques.
1 million € par an pour les paralympiques
A l'occasion de cette signature, Thierry Braillard a par ailleurs annoncé que l'Etat avait décidé, deux jours auparavant, suite aux Etats généraux du sport de haut niveau, d'affecter un million d'euros dès 2017 spécifiquement à la préparation des athlètes paralympiques, montant annuel renouvelé jusqu'aux jeux de Tokyo en 2020. « Parce qu'on s'est rendu compte que de paralympiade en paralympiade les performances devenaient totalement exceptionnelles et qu'aujourd'hui on a besoin de professionnaliser cette préparation paralympique, explique le secrétaire d'Etat. Et, pour la professionnaliser, il faut de l'argent ! L'Etat veut être exemplaire en l'espèce »