Un « guide virtuel » pour améliorer le quotidien en cas de handicap visuel ? C'est le projet de l'équipe de PANDA, une application mobile reliée à une caméra et à un casque à conduction osseuse (qui permet au son d'être directement transmis à l'oreille interne), actuellement en cours de prototypage. Reconnaissance faciale, reconnaissance de textes ou d'objets… Tout, à terme, devrait être vocalisé. « Ce casque, relié en Bluetooth à l'application, proposera également du son binaural, c'est-à-dire en 3D, explique Jérémy Delage, qui a rejoint l'équipe de concepteurs en avril 2017. Il doit pouvoir vocaliser tout ce que l'utilisateur ne peut pas voir, par exemple dans la rue, chez lui ou au bureau. »
En concertation avec l'utilisateur malvoyant
Ingénieurs en développement informatique et en robotique, les concepteurs du projet recrutent actuellement 20 « privilégiés » pour accéder au dispositif en précommande et participer à son élaboration. Prévu pour une première commercialisation grand public au premier trimestre 2018, PANDA fait également l'objet d'une grande concertation auprès de personnes aveugles et malvoyantes.
« Nous travaillons avec environ 200 personnes déficientes visuelles. Elles nous accompagnent et nous font part de leurs expériences, pour que l'on sache à quelle problématique répondre », poursuit Jérémy. Parmi les enjeux à relever, on compte par exemple la détection des objets tactiles, présents partout mais très difficiles à manipuler en cas de cécité. À noter que cette application ne sera, dans un premier temps, disponible que sur iPhone. « Selon nos statistiques, 70% des personnes déficientes visuelles ayant un smartphone détiennent un iPhone », justifie Jérémy Delage.
Vers des aides techniques « connectées »
À l'origine de cette initiative, Arnaud Lenglet, qui a fait naître le projet en 2016, s'est noué d'amitié avec une personne malvoyante, accidentellement tombée suite à un blocage entre le quai et une rame de métro. Une chute qui donne l'idée à Arnaud de concevoir une application destinée à faciliter le quotidien et les déplacements des personnes porteuses d'un handicap visuel. « Nous pouvons aujourd'hui concevoir des voitures intelligentes, des radars de recul et toutes sortes d'objets connectés. Il n'est pas normal que ce ne soit pas le cas pour les aides techniques », estiment les concepteurs de l'appli.
Accessible au prix d'un smartphone ?
PANDA n'est pas le seul à concevoir un dispositif numérique destiné à aider les personnes en situation de handicap visuel. La société OrCam se penche elle aussi sur un modèle de casque inspiré de la réalité augmentée et capable de lire des textes, de reconnaître un objet ou d'identifier une carte de crédit (lire article en lien ci-dessous).
« Nous nous positionnons dans le même ordre de service, mais à un coût différent, précise Jérémy Delage. PANDA devrait s'inscrire parmi les dispositifs médicaux de classe 1, donc moins coûteux. De plus, comme nous utilisons beaucoup de travaux de recherche sur l'intelligence artificielle disponibles en open source, notre coût de développement est moins important. D'où un prix inférieur à celui du marché actuel. » À terme, l'objectif serait de proposer ce système au prix d'un smartphone de moyenne gamme.
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