« Une amende pour être... 'pas assez handicapé' ? » Le 13 janvier 2024, Axel Allétru monte à bord du train SNCF Lille Flandres-Paris. Paraplégique incomplet, le jeune homme de 34 ans a exceptionnellement troqué son fauteuil roulant pour ses béquilles. Alors qu'il s'assoit logiquement sur une place PMR (réservée aux personnes à mobilité réduite), il écope d'une amende de 149 euros car, selon la contrôleuse, sans son fauteuil, il ne peut utiliser légitimement cet espace. Ce sportif, pourtant coutumier des aventures extrêmes (Rallye Dakar, Enduropale du Touquet...), ne s'attendait pas à une telle montée d'adrénaline...
« Le handicap ne se limite pas au fauteuil roulant ! »
« Perdre 80 % de mes capacités dans les jambes, ça ne disparait pas simplement parce que je suis debout ou en béquilles. Bien au contraire, sans mon fauteuil, mes jambes doivent compenser davantage, ce qui demande un effort colossal au quotidien », réagit le passager indigné sur les réseaux sociaux. « Ce genre de situation montre à quel point il est urgent de comprendre que le handicap ne se limite pas à une chaise roulante. Ce n'est pas un objet qui fait le handicap, mais une réalité physique et invisible parfois mal perçue », insiste-t-il.
80 % des handicaps sont invisibles
Se disant « fatigué du système non adapté », Axel Allétru partage cet incident pour « interpeler et faire évoluer les mentalités ». « Arrêtons de réduire le handicap à des clichés ou des règles absurdes. Chaque parcours est unique, chaque histoire mérite d'être respectée », conclut-il, espérant faire bouger « les lignes ». Pour rappel, 80 % des handicaps sont invisibles quand « seulement » 3 % nécessitent l'utilisation d'un fauteuil roulant.
Des excès de zèle qui se succèdent
La SNCF n'en est pas à son premier « coup d'éclat » en matière de handicap. En 2017, un contrôleur zélé avait réclamé la carte d'invalidité de Philippe Croizon, aventurier quadri-amputé (Croizon obligé de justifier son handicap dans un train). L'ex-président de la Société nationale des chemins de fer, Guillaume Pépy, l'avait finalement appelé pour lui présenter ses excuses. Axel Allétru aura-t-il le droit au même traitement ?
La Région Hauts-de-France demande réparation
C'est ce qu'espère Xavier Bertrand, président de la Région Hauts-de-France. Dans un courrier adressé à Christophe Fanichet, PDG de SNCF voyageurs -l'une des cinq sociétés constituant la SNCF-, il demande à l'entreprise française de prendre des « mesures immédiates pour réparer cette injustice » et éviter qu'elle ne se reproduise, à commencer par des excuses publiques à Axel Allétru et le remboursement de l'amende.
M. Bertrand se dit profondément « indigné » et « exaspéré » par cet « incident inacceptable », d'autant que « ce n'est pas la première fois que nous écrivons pour demander à la SNCF de faire preuve de bon sens », déplore-t-il. « Cette situation est d'autant plus incompréhensible qu'elle reflète un manque de considération et de sensibilité envers les personnes en situation de handicap, insiste-t-il. En témoigne la réaction publique de la SNCF qui nous explique que 'la préférence de placement n'a pas été renseignée' sur le billet. En ce qui me concerne la situation est très simple : une personne en situation de handicap cherche une place, un siège PMR est disponible, donc on le laisse s'installer sur cette place. » Il exhorte ainsi la SNCF à « réinterroger ses procédures sur l'accueil digne et respectueux des personnes handicapées dans les TGV ».
© Instagram Axel Allétru