Il était une fois l'histoire de la Cité universelle... Tout commence par une « idée un peu folle de créer un lieu mixte adapté à tous les handicaps, en plein Paris. Une belle idée mais qui se heurte à de nombreux obstacles, économiques et techniques », conte Ryadh Sallem, 18 fois champion de France et d'Europe de para sport et porteur de ce projet ambitieux. Mais le sportif n'a pas dit son dernier mot. En 2019, il décroche sa 19e victoire : la Cité universelle remporte à l'unanimité l'appel à projets urbains innovants « Réinventer Paris ». Avec une surface de 31 500 m2, le plus grand bâtiment de France vise « l'accès à tout, pour tous, sans discrimination, quels que soient les besoins de chacun, en situation de handicap ou non ». « Un lieu qui crée du lien », regroupant un hôtel, un stade, des bureaux, ouvert 24h/24 tous les jours de l'année... A moins d'un an des Jeux olympiques et paralympiques de 2024, la ville de Paris vient d'accorder son permis de construire au « plus grand projet immobilier dédié au handicap ». La première pierre devrait être posée en 2024 porte de Pantin (Paris 19), en face de la Philharmonie, la dernière en 2027.
Un hôtel 100 % accessible
L'ambition de ce projet inédit ? Devenir « le premier bâtiment exclusivement réservé à tous ». Pour réaliser ce pari, le constructeur GA Smart building promet tout d'abord un hôtel 4 étoiles avec « 100 % de chambres accessibles ». Sur 109, 24 seront élargies et 4 pourront accueillir des personnes lourdement handicapées (tétraplégiques, insuffisants respiratoires, myopathes...). « L'ensemble du bâtiment a été pensé pour limiter les distances de circulation, faciliter la desserte des ascenseurs, supprimer l'intégralité des seuils intérieurs et extérieurs et offrir une orientation claire grâce à des portes bien contrastées, une signalétique limpide, des cheminements amples et sereins », détaille-t-il.
Futur grand centre du parasport
Tandis que la salle omnisports, qui pourra héberger des compétitions internationales de handisport, contient 200 places accessibles sur les 1 000 en tribune. « 20 % c'est dix fois plus que la norme », précise le constructeur. Conçue pour accueillir des équipes paralympiques, avec des circulations et des vestiaires adaptés aux fauteuils très larges ainsi que des stockages dédiés, elle prévoit des places pour les spectateurs en situation de handicap réparties dans tous les gradins sans zone dédiée. Parce que l'accessibilité ne se limite pas aux personnes en fauteuil roulant, le stade proposera également des « places facilitées », élargies, à proximité́ des escaliers, équipées de main courante et d'accoudoirs abattables, aux personnes âgées, en surpoids ou encore malvoyantes. « La Cité universelle a pour ambition de devenir l'un des grands centres du parasport en France, révèlent ses concepteurs. Elle viendra s'insérer dans un environnement déjà dense et innovant en matière de sport et d'inclusion. »
Favoriser la rencontre
Le site rassemble également six plateaux de bureaux de 20 000 m2 adaptés aux personnes en situation de handicap, un espace de co-working, huit salles de consultations médicales, un commerce, des restaurants d'entreprise ou encore un jardin partagé en rooftop. Avec ses équipements ouverts aux riverains, « la Cité universelle cherche délibérément à attirer et faire se rencontrer tous les publics (sportifs, actifs, visiteurs, habitants du quartier), en normalisant la différence », explique GA Smart building. Autres enjeurs majeurs ? Prouver que la conception universelle améliore la qualité de confort et d'usage pour tous et que le handicap peut s'insérer dans le tissu économique traditionnel.
Un exemple inspirant
Autre particularité ? L'utilisation partielle du « hors site ». Plusieurs parties du bâtiment ont été construites dans une usine puis assemblées sur place pour réduire à la fois la durée du chantier et les nuisances pour les riverains. « La Cité universelle sera extrêmement visible. Nous souhaitons qu'elle devienne un exemple inspirant : nous pouvons et devons désormais intégrer tout le monde, conclut Ryadh Salhem. Nous avons besoin du potentiel de chacun et nos différences ne doivent plus nous freiner dans cette envie de vivre et de travailler tous ensemble. »
© RSI
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