Dernière minute du 4 août 2020
Emmanuel Macron a annoncé que l'Etat allait débloquer 80 millions d'euros pour verser, avec une contribution égale des départements, une prime exceptionnelle Covid aux aides à domiciles. Les départements contribueront également au versement de cette prime à hauteur de 80 millions d'euros. Soit un total de 160 millions d'euros pour les plus 320 000 auxiliaires à domicile qui exercent en France.
Article initial du 27 juillet 2020
Prime Covid, mais pas pour tous ! Les aides à domicile, qui accompagnent chez elles des personnes âgées, en situation de handicap, fragiles et souvent isolées, travaillant pour des associations ou des structures privées ne toucheront pas tous la prime qui avait été évoquée par Edouard Philippe le 15 avril 2020. Son versement dépend en effet du service auquel est rattaché le professionnel.
Assurance maladie contre privé
Si leur employeur dépend de l'assurance maladie (EHPAD, hôpitaux, établissements médico-sociaux…), le personnel percevra 1 500 euros s'il a travaillé dans l'un des 40 départements où le virus a circulé le plus activement et 1 000 euros dans les autres. Mais pour ceux qui travaillent dans les services gérés par les départements, c'est au bon vouloir de chacun. Quant aux personnes employées directement par une personne dépendante et payées en CESU, elles en sont exclues.
De 250 à 1 500 euros
L'Etat renvoie en effet vers les départements la charge des politiques sociales, leur laissant la responsabilité d'attribuer cette prime… ou pas ! Et tous n'ont pas pris la même décision. Au regard de leur situation financière, et sans financement des pouvoirs publics, seuls une vingtaine d'entre eux seraient prêts à mettre la main au porte-monnaie pour récompenser ceux qui se sont également trouvés en première ligne durant le confinement. 250 euros en Seine-et-Marne, 515 dans le Nord, 1 000 dans la Somme, rien dans la Sarthe ou en Corrèze. La Meurthe-et-Moselle s'avère la plus généreuse avec 1 500 euros. Une inégalité de traitement largement dénoncée !
Manifestation de colère
Dès le 16 juin, les fédérations (Adédom, ADMR, Fédésao, FEHAP, FESP, FNAAFP/CSF, SYNERPA Domicile, UNA) avaient dénoncé dans un texte commun cette injustice pour les professionnels du domicile. « Malgré une situation financière souvent critique, la quasi-absence d'équipements de protection individuelle au départ et les difficultés à se déplacer, les aides à domicile ont continué à assurer leur service en première ligne auprès des bénéficiaires. Sans eux, de nombreuses personnes accompagnées se seraient retrouvées abandonnées », expliquait-il. Le 8 juillet, les deux présidents de la Sarthe et du Maine-et-Loire ont écrit un courrier au Premier ministre, Jean Castex, pour attirer son attention sur « l'absence de cadre national législatif pour l'octroi d'une prime Covid-19 aux professionnels des établissements et services sociaux et médicaux sociaux ne relevant pas d'un financement de l'assurance maladie », précise le site Capital.
Des métiers dévalorisés
Dénonçant ces disparités et pour faire entendre leur voix, des auxiliaires de vie décident de frapper le pavé devant le Conseil départemental du Morbihan le 22 juillet. Même mobilisation en Gironde pour ces « travailleurs de l'ombre ». En Charente-Maritime, les manifestants ont obtenu gain de cause puisqu'une une prime allant de 500 à 1 000 euros leur sera versée courant octobre. Une mobilisation légitime, pour ces métiers déjà dévalorisés, et dont l'attractivité s'est fortement dégradée, comme en témoigne un récent rapport remis le 24 juin 2020 par deux députés sur les « métiers du lien » (article en lien ci-dessous).